Au volant de mon auto, coincé dans un embouteillage qui n'en finissait pas, je me suis retrouvé bloqué à la hauteur d'un arrêt de bus. Attendant l'autocar de ramassage scolaire, il y avait là six, non pardon, sept collégiens puisqu'une dernière est arrivée à ce moment. Je fus attristé de constater que ces enfants avaient tous les yeux rivés sur leur téléphone portable, accrochés à celui-ci comme si leur vie en dépendait ! Entre eux six, pas un mot, un échange, un regard. Rien. La petite dernière arriva tout sourire et lança un bonjour communautaire. Deux des six levèrent le nez, l'un hocha la tête, l'autre lui renvoya mollement son bonjour.
Sans vouloir jouer les « vieux » réacs, je me souviens d'une époque pas si lointaine où les retrouvailles du matin à l'arrêt de bus étaient joyeuses et amicales ; nous échangions entre nous, parlions, chantions même parfois. C'était vivant.
La petite fille s'est assise, visiblement décontenancée de tant d'indifférence puis, son visage s'est éclairé, elle a entrouvert son sac d'école et en a sorti... un livre.
La voie s'est ouverte, j'ai pu reprendre la route, un sourire au coin des lèvres ; l'espoir subsiste. Merci Mademoiselle !