Dimanche midi, la queue s’allonge dans la boutique, le long de l’étalage vitré proposant gâteaux et viennoiseries. Devant moi, une maman et sa fille de quatre ou cinq ans. La fillette court devant la vitrine, marchant au passage sur certains pieds. Une dame ose dire « aïe ! », la maman dit « je m’excuse ! ». La fillette continue à naviguer et des murmures réprobateurs parcourent la file. La maman hausse le ton : « J’ai dit : je m’excuse. Je ne vais tout de même pas m’aplatir, ma fille a le droit de bouger ! », et la gamine continue son manège. La tension monte. On est à la limite de l’incident. La boulangère s’empresse de servir la maman et celle-ci sort avec sa fille au grand soulagement des clients.
J’ai cherché désespérément comment intervenir sans trouver la phrase qui aurait dégonflé la tension. Ce n’est que chez moi que j’ai compris le nœud du problème. Oui, la maman s’est excusée, mais à aucun moment la gamine n’a compris qu’elle avait marché sur les pieds des gens car la mère ne lui a jamais dit d’arrêter. En empêchant cette prise de conscience, la mère a privé son enfant de la possibilité de s’excuser.