Après ses études d’ingénieur chimiste à Lyon, Anne-Marie s’engage dans une association missionnaire. Et puis… le tournant.
Comment s’est opérée votre reconversion ?
« À 47 ans, je me suis sentie appelée à plonger dans le monde de l’entreprise. Je suis retournée à l’université et j'ai obtenu un DESS de Responsable de formation en entreprise.
Cette mutation n’était pas évidente : il m’a fallu prendre mes marques, identifier les chausse-trappes du monde professionnel, et surtout y trouver ma place en tant qu’enfant de Dieu. Prouver que le travail fait sens et l’accomplir d’une façon qui honore Dieu. »
Parlez-nous de votre métier
« J’accompagne les responsables de formation en entreprise pour monter leur dispositif de formation en ligne, ce que nous appelons le digital learning. C’est une modalité de formation quis’est développée depuis les années 2000 et qui tend à se généraliser.
Je suis motivée par l’aspect technologique pointu, mais aussi par toutes les valeurs humaines qui y sont associées : l’écoute des besoins, la recherche de solutions adaptées, le respect mutuel et, quand c’est possible, un travail spirituel. »
En quoi le monde de la formation professionnelle est-il utile ?
« Les personnes qui viennent se former à l’âge adulte sont en vraie quête de sens et de découverte d’elles-mêmes. Elles ne le savent pas, mais elles recherchent ce que Dieu veut qu’elles soient. Elles doivent découvrir leurs dons et compétences qui seront les plus utiles à la société et les plus épanouissants pour elles. Alors, je fais route avec elles jusqu’à ce qu’elles aient le diplôme et les compétences dont elles ont besoin. Le but est que chacune soit fière d’avoir suivi cette formation pour être en phase avec elle-même et avec le monde du travail. »
Qu’avez-vous appris de plus important ?
« La vie professionnelle est un lieu de service du prochain et de croissance spirituelle. Nos collègues sont ceux qui nous connaissent le mieux. Parfois, leurs remarques sonnent comme une parole que Dieu lui-même pourrait nous dire, pour corriger un trait de notre caractère ou pour améliorer notre comportement.
J’ai appris aussi le besoin d’authenticité : le fait d’y être moi-même, sans dichotomie, la même personne partout, aussi bien au travail qu’à l’Église.
Il est vrai aussi que le monde du travail peut être impitoyable. C’est pourquoi j’ai créé un site qui permet à une communauté de chrétiens de se retrouver pour échanger, se former, prier ensemble pour que chacun puisse entrer dans son activité professionnelle comme un lieu de service et de croissance spirituelle. »