Enfant, j’ai appris le poème « Le bonheur est dans le pré » de Paul Fort. Je le récitais à en perdre haleine pour répondre à l’appel du poète : « Cours-y vite, il va filer » et malgré tous mes efforts, à la fin du texte, « le bonheur avait filé ». Où donc était-il donc passé ? Je devais être fautive. Enfin pas seulement moi, mais la condition humaine.
Quel est ce bonheur que nous désirions tant et qui nous échappait ? Quels exploits fallait-il accomplir pour y prétendre ? Aujourd’hui, en lisant le texte d’Apollinaire, je suis rassurée : « De temps en temps, il est bon d’arrêter notre quête du bonheur pour être tout simplement heureux. » Tout d’un coup, le bonheur devient accessible.
Plutôt que courir après les richesses du monde, ou chercher chaque jour à en faire davantage, une autre voie est possible, celle de me réjouir de ce que j’ai sous les yeux et autour de moi : un magnifique coucher de soleil, le sourire radieux d’un enfant, la caresse du vent sur mon visage… Tant de petites touches de bonheur suffisent à ma joie. Autant de perles qui constituent un superbe collier si je les assemble.
Dernièrement, j’entendais Kylian Mbappé exprimer son seul regret : « Le fait d’être devenu si vite un bon joueur m’a fait louper plein de choses. Plus tard, je ne pourrai même pas raconter à mes enfants mes bêtises d’ado car je n’ai pas eu le temps d’en faire. » Et la star d’énumérer ce qui lui manque le plus : « Aller manger tranquille à une brasserie, aller avec des amis, faire la fête incognito... »
Et si le bonheur c’était faire des choses simples, comme aller acheter sa baguette de pain le matin, apprécier chaque étape de la vie avec ce qu’elle nous offre, ses joies et ses peines et le partager ensuite avec d’autres, en étant reconnaissant envers notre Créateur ?
L’apôtre Paul n’a pas enseigné autre chose quand il répète à plusieurs reprises : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ! » Voulons-nous suivre son exemple ?
*Philippiens 4.4
Anne-Marie Delaugère