J’étais encore un enfant. Ce soir-là, mes parents avaient invité un couple de missionnaires de retour du Tchad. Mes oreilles étaient toutes grandes ouvertes pour entendre leurs récits fascinants qui venaient de si loin.
Je revois encore le geste du missionnaire lorsqu’il nous a dit qu’au Tchad, pour donner l’heure d’un rendez-vous, les gens levaient le bras pour indiquer la hauteur du soleil dans le ciel. Les gens n’avaient pas de montre. Le soleil leur suffisait.
Il y a quelques semaines, j’avais donné rendez-vous à deux amis africains. J’avais prévu que le premier devait arriver trente minutes avant l’autre.
Arrivé moi-même à temps, j’ai attendu… 5 minutes, puis 10, 15… C’est finalement après 45 minutes que je les ai tous deux vus arriver, quasiment en même temps !
Mon beau programme était complètement chamboulé ! De plus, j’allais moi-même être en retard à mon rendez-vous suivant.
Je n’étais pas très heureux. Certes, mes amis n’avaient pas fait exprès d’arriver avec retard, mais avaient-ils pris toutes les précautions comme moi pour être à l’heure ?
C’est alors que m’est revenue en mémoire cette parole des habitants du Tchad que nous avait rapportée le missionnaire : « Vous avez l’heure, nous, nous avons le temps. »
Avais-je donc raison d’être fâché contre mes amis ? Est-ce que je ne m’étais pas rendu prisonnier de mon agenda ?
Aujourd’hui, je ne peux que témoigner de ceci : le Maître du temps avait inséré dans son « agenda » le retard de mes deux amis. Sans entrer ici dans les détails, je suis émerveillé de constater que c’est leur retard qui a permis des rencontres inattendues heureuses et fécondes. Quant à moi, je suis arrivé à l’heure à mon rendez-vous suivant.
Que dire ? Je n’ai pas les réponses à mes questions, mais je m’incline reconnaissant.
Bonne rentrée !
Georges Mary