Comment discerner la volonté de Dieu et prendre des décisions ?

Extrait Vie et gestion de l'Église

Discerner la volonté de Dieu est le projet de chaque assemblée d’Église ; mais comment faire ?

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Comment discerner la volonté de Dieu et prendre des décisions ?


Introduction

 Pour introduire la problématique, je cite, à titre d’exemple seulement, deux textes fondamentaux de la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes de France (FEEBF) :

  • L’Église locale, dans sa soumission à son chef, Jésus-Christ, doit gérer elle-même ses propres affaires.
    Le conseil traite les affaires pour lesquelles l’Église l’a mandaté.
    Toute autre décision, proposée par le conseil ou en concertation avec lui, doit être prise par l’assemblée de l’Église, en veillant à sauvegarder sa communion.
    (Principes ecclésiastiques - Décisions de l’Église).
  • Chaque Église locale est autonome et indépendante, tout en étant cependant en relations libres, fraternelles et affectives, avec les autres Églises. L’Église n’a d’autre chef que Jésus-Christ. Celui-ci exprime sa volonté et ses directives dans la communauté tout entière, et c’est l’Église qui l’interprète. L’Église s’efforce à travers ses faiblesses de se laisser conduire par cette volonté. Nous croyons à la complète et absolue égalité spirituelle de tous les croyants, c’est pourquoi les décisions de l’Église cherchant à interpréter la volonté de son Seigneur ne peuvent être prises qu’au cours d’un vote et à la majorité des voix.
    (Résolution sur l’orientation des Églises, adoptée par le congrès de la FEEBF en mai 1952).

Ces textes nous rappellent que les décisions de la communauté doivent être prises dans l’Église, dans le cadre de l’assemblée. La raison en est très clairement la certitude que tous les croyants sont le temple de l’Esprit - et à ce titre égal, même si les dons sont divers - et que c’est par eux que la volonté de Dieu doit s’exprimer. Les dons et les ministères viendront enrichir, éclairer cette réflexion, mais aucun n’est en lui-même apte à prendre la décision à la place de l’Église.

La question qui ne peut manquer de se poser, c’est comment faire ? Comment éviter qu’une assemblée d’Église soit semblable à une assemblée générale de copropriétaires au cours de laquelle se heurtent convictions et intérêts contraires ? Nous voudrions suggérer un certain nombre de points qui pourront aider à trouver une démarche conforme au but recherché. Le processus proposé s’inspire de précédents historiques (Églises ou communautés religieuses) et n’a aucune prétention à être le seul. Les Églises évangéliques n’ont jusqu’à présent guère réfléchi à cette question et il serait bon de partager d’autres procédures, s’il en existe, afin d’aider les communautés à vivre effectivement ce discernement.

Ce qui sera dit peut également concerner la recherche de la volonté de Dieu dans un conseil. Attention cependant de ne pas pratiquer successivement de cette manière dans les différentes instances de l’Église. On peut en effet espérer que le processus engagé aboutira à une décision.

Que cherchons-nous ?

C’est peut-être la question centrale et qui concerne chacun au plus haut point. Il s’agit en effet de discerner ensemble, dans l’Église, la volonté de Dieu pour la communauté. Cela suppose plusieurs choses.

Chacun peut avoir déjà au départ une conviction, ce qui est le plus fréquent. Discerner ensemble implique que l’on reconnaisse que sa propre conviction n’est pas définitive et que c’est ensemble qu’une solution doit être trouvée.

Ce qui est bon, ce qui est le meilleur pour la communauté en ce moment, c’est la volonté de Dieu. Il pourrait sans doute y avoir d’autres solutions, d’autres voies légitimes. Il y en aura peut-être dans le futur. La question n’est pas de savoir qui a raison, ni ce qui est juste ou vrai, mais ce qui est bon pour l’Église aujourd’hui. Une solution ou un projet excellent, en eux-mêmes, peuvent ne pas être adaptés à la situation.

Si chacun vient avec ses convictions pour les partager, il doit pouvoir prendre une certaine distance avec son avis personnel afin de discerner, avec les autres, ce qu’est le bien commun. À la fin de la recherche, une décision sera prise. Elle devra être acceptée par tous, y compris par la minorité qui aurait fait un autre choix. La communion de l’Église en dépend. La manière dont la majorité se comportera aura une grande importance, mais l’attitude intérieure de chacun également. Il serait bon que chacun puisse arriver à une sorte d’égalité d’âme, de détachement devant les différents choix possibles afin d’accueillir sereinement la décision qui sera finalement prise.

Il faut également que chacun soit convaincu que cette recherche est un acte spirituel. Une assemblée de ce type est, pour l’Église, aussi importante devant Dieu que le culte, et doit être vécue d’une manière semblable. Elle est une forme d’écoute de la volonté de Dieu au travers des frères et sœurs. Il est probable que, si une communauté ne s’est jamais engagée dans cette forme de recherche, un enseignement préalable sera utile pour que chacun puisse comprendre l’esprit dans lequel l’Église veut engager ce discernement.

Conseils pour poser une question

Chaque question posée doit être claire et, de préférence, simple dans sa formulation. Trop vaste, elle peut susciter une infinité de réponses et la communauté s’y noiera. L’idéal serait de proposer un choix : oui ou non ; solution A ou solution B (voire C).
Elle doit également être formulée en des termes ouverts : est-il préférable de faire ceci ou cela ? Et non pas : telle chose est-elle bonne ou mauvaise ? Nous ne sommes pas dans la recherche de ce qui est bien dans l’absolu, mais devant un choix concret.

La question doit également être posée assez longtemps à l’avance pour que chacun ait pu y réfléchir devant Dieu et se préparer à entrer dans ce discernement.

La question posée suscitera la réflexion personnelle qui devra tenir compte de toutes les données que chacun a à sa disposition. La conviction intérieure a sa place, de même que la mise sur la balance des raisons et des arguments pour ou contre.
Cette réflexion personnelle devra se faire devant Dieu, dans la prière, en essayant autant qu’il est possible de se dégager des passions qui peuvent nous motiver. L’idéal sera toujours, quelque forte que puisse être la conviction personnelle, de venir au débat prêt à accueillir la décision que nous n’aurions pas choisie. Ce type de discernement y aide d’ailleurs, en dégageant autant qu’il est possible la décision finale des personnes qui pourraient se faire les avocats d’une cause. Il est bon de se rappeler qu’une trop grande identification à une solution est toujours suspecte. Elle recouvre bien souvent une attitude passionnelle et une recherche de pouvoir, ou au moins d’influence sur le groupe, qui ne favorisent guère le discernement.

Si, après avoir rappelé la question posée, on commence par un temps de prière, que ce soit essentiellement une prière silencieuse, chacun pouvant ainsi se replacer devant Dieu et dans l’attitude du discernement communautaire.

Le partage des opinions

Il est bon que chacun puisse émettre à son tour les idées qui sont les siennes et les arguments qu’il souhaite faire valoir. ...

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