Vous souhaitez pouvoir discuter des questions liées à l’écologie dans votre Église, mais vous avez peur de susciter des oppositions frontales et de créer la division ? Ce petit livret est pour vous ! Il est adapté à des groupes de maison ou à des groupes d’étude biblique qui voudraient se confronter à ces questions et avancer ensemble, sans que le ton monte tout de suite.
Il a été conçu par la Commission d’éthique protestante évangélique et l’association A Rocha, qui sont parties du constat, précisément, que la peur des discussions enfiévrées et stériles, empêchait d’aborder des questions qui nous concernent tous, qui concernent nos contemporains, qui engagent notre avenir et par rapport auxquelles les chrétiens, livrés à eux-mêmes, sont plutôt démunis.
Parlons du fond d’abord. Le livret propose un parcours en 6 étapes qui approfondissent différents passages de la Bible et pas seulement les récits de la création car, on s’en rend compte au fil des pages, la crise écologique nous fait parcourir différents domaines de la doctrine biblique : notre conception du prophétisme, de l’action de Dieu dans l’histoire, de l’œuvre du Christ, de l’éthique de vie des chrétiens, du rôle de l’Église, de la fin des temps, etc. Chaque génération doit faire dialoguer son contexte contemporain et le texte biblique et c’est ce qui est proposé ici. Par exemple, séance 3 : avoir une bonne théologie de la création ; séance 4 : responsabilité humaine et souveraineté divine ; séance 5 : être des serviteurs fidèles en temps de crise ; séance 6 : la Bonne Nouvelle du royaume dans le contexte actuel.
La forme, quant à elle, est ce qu’il y a de plus innovant et de plus prometteur dans ce livret. Les auteurs se tiennent à distance de deux écueils : soit dire que toutes les opinions se valent, soit dire que rien ne se discute. Le livret crée la possibilité d’un débat, tout en affichant ouvertement sa préoccupation pour la crise que nous sommes en train de vivre. Et pour nourrir ce débat il use de moyens aujourd’hui à disposition : des QR codes qui donnent accès à des vidéos ou des podcasts. Pour ceux qui craignent les débats académiques et livresques, il y a là des ouvertures qui donnent un tour vivant aux questions évoquées. Et par ailleurs, de nombreux exemples et des situations très pratiques sont proposés. Le parcours, au sein de chaque étape, suit un schéma type : mise en jambe (une question illustrée), explorer (quelques éléments d’approfondissement), creusons la parole (étude biblique), passage à l’action.
La discussion (faut-il rappeler cette vérité générale qui tend à s’estomper ces dernières années ?) est aussi affaire de discipline communautaire. En introduction du livret, des conseils généraux pour la discussion de sujets controversés sont proposés. Et, lors de chaque étape, chacun a l’occasion de poser ses idées, ses réactions, ses points de vue sur la table, avant qu’on en vienne à une étude en commun.
À titre personnel (j’en parle librement, car j’ai participé aux premières phases de ce projet, mais son aboutissement doit peu de choses à mes contributions), je trouve la tentative réussie et décisive. Beaucoup de chrétiens s’énervent quand on leur parle d’écologie, parce qu’ils ne voient pas ce qu’ils pourraient faire, parce qu’ils se sentent culpabilisés, ou parce qu’ils sont dominés par la peur. L’isolement face à des questions aussi lourdes est sans doute ce qu’il y a de pire. Il y a donc une exigence aussi bien pastorale qu’apologétique à aborder ces thèmes en groupe. À l’inverse, j’ai pu observer (dans l’Église, aussi bien que hors de l’Église) que seuls des groupes parviennent à changer de modes de vie et à endosser des décisions radicales, parce que les membres se soutiennent les uns les autres, échangent leurs expériences, se transmettent des trucs, etc.
La crainte de certains chrétiens est aussi de se laisser entraîner par une idéologie, une divinisation de la nature ou autre, qui n’a rien de chrétien. Mais, là aussi, c’est ensemble que l’on peut, le mieux, exercer notre discernement. La séance 1 pose, par exemple, une question vive : qu’est-ce qui nous pousse à croire, ou à ne pas croire, ce que disent les scientifiques ?
Le paradoxe est, qu’après tout, les enjeux écologiques réactivent certains classiques de la prédication évangélique : le piège du matérialisme, l’attention à ceux qui sont plus pauvres que nous (ou qui subiront les conséquences de nos choix), la valeur d’une vie simple, l’appel à être des lumières dans un monde qui a perdu la boussole, etc. Il y a donc un enjeu fort à dépasser les craintes et les oppositions stériles car, après tout, c’est un domaine où un témoignage collectif des chrétiens aurait une grande valeur et une grande pertinence.
On l’aura compris, je souhaite que ce petit livret soit largement utilisé. Son usage est prévu pour être souple : on peut alterner des moments en groupe et des moments de méditation personnelle ; on peut diviser les séances en deux, changer l’ordre des séances, en sauter une, etc. Les auteurs proposent une démarche à mettre en œuvre plus qu’un catalogue d’affirmations. Il existe des ouvrages longs et savants sur ces questions, mais l’enjeu, aujourd’hui, est que tout un chacun se mette en marche avec d’autres, en usant d’une dynamique et d’un discernement communautaire et en montrant, par une vie collective renouvelée comment la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ s’incarne, ici et maintenant.