« La collection “Éthique en questions” a pour but d'aider tout chrétien à structurer sa pensée d'une façon constructive face à certaines questions morales, éthiques ou culturelles incompatibles avec les exigences de notre Seigneur. Elle veut aussi encourager les croyants à entamer le dialogue lorsqu'ils sondent les Écritures afin d'organiser leurs idées d'une manière biblique, positive et pleine de compassion, sans se laisser désarçonner ou pire, réduire au silence par la désapprobation et la critique(1). »
Cette collection compte actuellement cinq titres : Transgenre, Suicide assisté, Avortement, Pornographie et Véganisme, principalement écrits par le britannique Vaughan Roberts, parfois coécrits avec d’autres auteurs (à l’exception du volume Véganisme, écrit par Joël Favre). Les livres sont relativement courts (moins de cent pages) avec un langage facile d’accès.
Chaque ouvrage est construit sur le même schéma : une introduction, une définition précise des termes qui seront employés, quelques chapitres évoquant l'actualité du thème et les problématiques qu'il pose, suivis d’autres chapitres abordant la vision biblique que nous devons avoir sur le sujet en tant que chrétiens. On trouve dans ces pages une vraie base biblique avec une vision très juste de la foi, du salut par la grâce et de ce qu’il implique concrètement dans notre positionnement et notre regard sur l’autre, dans sa différence. Le dernier chapitre regroupe plusieurs questions concrètes et personnelles, qui peuvent être utiles au chrétien concerné de près ou de loin par le sujet, ainsi que quelques éléments de réponse clairs. Le contenu est précis et documenté, Vaughan Roberts utilisant des recherches spécifiques fiables, accompagnées de sondages évocateurs.
Enfin, et c'est un atout précieux, nous trouvons à la fin de chaque livre une série de questions portant sur les différents chapitres lus, sur lesquelles réfléchir seul ou en groupe. Elles ont trait à nos a priori sur le thème du livre, la manière dont nous sommes concernés, dont nous réagissons ou dont nous pouvons accompagner les personnes qui nous entourent.
Il est clairement établi dans l’introduction de chaque livre que son but n'est pas de proposer une analyse exhaustive du sujet, mais bien d'amorcer une réflexion avec des éléments concrets et bibliques, dans le but de mieux aimer notre prochain, de manière juste et pleine de compassion, et de pouvoir discuter avec nos contemporains non chrétiens. C’est aussi l’occasion d’amorcer une réflexion en Église sur les clichés qu’elle véhicule.
Regardons plus en profondeur deux des cinq livres.
Suicide assisté
Ce sujet est d'actualité en France et rend la lecture de ce livre particulièrement pertinente pour nous.
Le livre s'insère dans le contexte britannique, mais l'édition française propose des encarts permettant d'actualiser les informations dans notre contexte français.
La définition des termes « suicide assisté », « euthanasie volontaire » ou encore « soins palliatifs » donne une base de compréhension claire. Vaughan Roberts explique que le choix des mots peut influencer l'auditoire. Il est donc crucial de bien les comprendre pour savoir exactement ce qu’ils désignent et ce qu’ils sous-entendent.
L’auteur retrace l’histoire de la relation que nous avons avec la mort, en tant qu’êtres humains. Pesant le pour et le contre de l’euthanasie et du suicide assisté, il évoque les arguments que l’on entend en sa faveur ainsi que les arguments bibliques qui s’y opposent. Il questionne également les limites : la pression qui pourrait être exercée sur les personnes âgées ou malades, l’impact sur la relation patient-médecin, ou encore la gestion de la souffrance.
Enfin, un appel à prendre soin des autres, une réflexion sur le développement des soins palliatifs, à ne pas maintenir la vie de manière acharnée, à chercher de l’aide quand elle est nécessaire et à faire part de la Bonne Nouvelle de la vie après la mort.
Transgenre
Comme le dit si bien Vaughan Roberts :
« Nous devons d'abord nous souvenir que ce qui est en jeu ici, ce ne sont pas des opinions, mais des gens. Des gens qui ont une grande valeur. Des gens créés et aimés par Dieu(2). »
Cette idée importante est reprise tout au long de l’ouvrage, de différentes manières.
De la même façon que pour les autres ouvrages, un glossaire indique en début de livre quel sens ont les mots techniques utilisés comme « dysphorie de genre » ou « personne intersexuée ». Et l’on interroge la conviction qui sous-tend la question de genre que nous rencontrons dans nos sociétés occidentales : la liberté. Comme il l’exprime si bien : « Nos corps eux-mêmes ne devraient pas être autorisés à poser des limites à l'identité que nous choisissons(3). »
Abordant, dans le chapitre 3, la vision biblique de l’identité de genre, Vaughan Roberts se réjouit que nous ayons une identité reçue de Dieu et non à créer par nous-mêmes. L’image de la restauration d’œuvre d’art illustre cette idée que nous avons besoin d’être « réparés », et non « transformés ».
Le livre s’achève sur une note pleine d’espérance :
« Dans un sens, nous recherchons tous la paix et le repos. Parce que c'est pour ces choses que nous avons été créés. Dans le royaume nouveau, nous nous reposerons des luttes qui sont les nôtres à cause de la chute(4). »
Vaughan Roberts propose aussi une réflexion intéressante à mener en Église, notamment concernant les cas concrets que nous pourrions rencontrer à l’avenir : par exemple, de la légalité de refuser un emploi dans l'Église à un transgenre. Nous devons avoir des convictions et les soutenir. Et de conclure : ce dont notre culture a besoin par-dessus tout, c'est d'entendre l'Évangile.