Un constat mi-figue mi-raisin
Malheureusement, ça n’a pas toujours été le cas. En fait, c’est plutôt rare. Souvent, les gens sont occupés à autre chose. Vous entrez dans leur église, mais ils ne vous remarquent pas, ou ils n’ont pas le temps. Certains répètent les chants pour la louange, d’autres discutent entre eux, d’autres sont assis et semblent prêts à louer le Seigneur, d’autres s’activent pour que l’école du dimanche puisse démarrer à temps, ou pour que la sainte cène soit prête, le prédicateur relit ces notes, etc. Toutes ces choses sont importantes, mais je trouve que l’accueil d’un inconnu l’est davantage.
Heureusement quand même, beaucoup d’Églises ont un service d’accueil. Des gens souriants et sympathiques vous attendent à la porte d’entrée. Ils ont un badge, arborent un large sourire, et sont très sympas avec vous. Ils vous saluent et vous disent quelques mots de bienvenue. Comme c’est agréable ! J’ose dire ce que j’ai parfois remarqué ?... Une fois à l’intérieur, les gens sont occupés et peu enclins à vous sourire ou vous saluer, et ça contraste avec l’équipe d’accueil !
Et à la fin du culte, c’est pareil ? Parfois, les chrétiens sont tellement contents de se retrouver entre eux qu’ils oublient de s’intéresser aux gens de passage. D’ailleurs, ça vous est peut-être arrivé de ressortir d’une Église (même une Église évangélique !) sans que personne ne vous adresse la parole. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne donne pas envie de revenir !
Réflexe ou apprentissage ?
On peut parler de don pour certaines personnes qui sont naturellement accueillantes, souriantes, avenantes, etc. Mais doit-on se décharger sur ces personnes pour accueillir les gens de passage dans notre Église ? Certainement non ! D’autant que ces personnes sont parfois absentes, ou trop occupées avant et après le culte. L’idéal serait que chaque membre de l’Église soit accueillant. Pour cela, on peut évoquer le sujet de temps en temps, sensibiliser à l’accueil, et pourquoi pas pendant la prédication ou la présidence d’un culte ? Il faut que chacun soit amené à se mettre à la place de ces visiteurs : comment aimerais-je être accueilli ? « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. » (Mt 7.12) Chacun doit prendre conscience de son rôle, passif ou actif, dans le ressenti de ces visiteurs. S’ils vous sentent distants et froids, ils ne reviendront certainement pas dans votre église ! La plupart des gens de passage qui posent leurs valises dans une église le disent : ils restent parce qu’ils se sont sentis très bien accueillis. Il y a d’autres raisons, mais c’est souvent ce qui a compté en premier. Ça fait réfléchir non ?
Un petit conseil aux équipes d’accueil
Imaginez que je vienne pour la première fois dans votre église et que vous soyez d’accueil. Vous êtes sympa avec moi, vous vous présentez, vous me demandez mon prénom, vous échangez quelques mots et vous me souhaitez un bon culte. J’en suis tellement ravi que je reviens le dimanche suivant. Mais vous n’êtes pas d’accueil.
Ce que je n’aimerais pas, c’est passer à côté de vous sans que vous me reconnaissiez ni ne me saluiez. Ce qui me ferait très plaisir, c’est le même sourire, un bonjour amical et que vous me demandiez comment je vais. Si vraiment vous voulez que j’aie l’impression de compter à vos yeux, que je me sente exister et que je me sente déjà en phase d’intégration, il faudrait que vous me ressortiez mon prénom en me saluant. Ça vous paraît difficile de retenir le prénom de quelques visiteurs ? Si oui, je vous livre un petit secret (mais ça restera entre nous, d’accord ?) : prenez des notes quand vous êtes d’accueil, ou même tout le temps. Notez le prénom des visiteurs et essayez de les apprendre dans la semaine. Si vraiment vous voulez faire encore mieux, vous pouvez prier pour eux. Si vous faites déjà tout cela, continuez comme cela et cherchez à faire encore mieux.
Une idée de formation pratique
Dernièrement, j’ai imaginé un petit exercice de sensibilisation à la qualité de l’accueil. Je l’ai déjà testé dans mon Église et je le partage avec vous pour que vous puissiez vous en inspirer si vous jugez cela intéressant. Mon idée de base, c’était que l’on comprend mieux quand on ressent soi-même que lorsqu’on entend un discours. J’ai donc demandé à trois volontaires de sortir de la salle de culte, puis j’ai dit aux autres de profiter du fait que je sortais voir les volontaires pour se saluer.
La consigne aux volontaires : vous rentrerez chacun votre tour dans l’église. Imaginez que c’est la première fois que vous y entrez. Observez l’accueil qui vous est réservé. Déplacez-vous et, avant de vous asseoir, essayez de saluer quelques personnes.
La consigne aux autres : on ne va pas offrir le même accueil aux trois visiteurs qui vont entrer.
1er volontaire : on l’ignore, on ne le regarde pas, on parle entre nous. S’il vient vers nous, on fait un rapide signe de la tête et on se détourne pour continuer à parler entre nous.
2e volontaire : on sera tous attentifs et accueillants. Si quelqu’un entre, on va le saluer, lui souhaiter la bienvenue. On se présente et on lui demande comment il s’appelle. Mais pas tous en même temps !
3e volontaire : si quelqu’un entre, on se précipite tous sur lui, on lui pose des tas de questions (nom, âge, métier, où il habite, pourquoi il est là, etc.)
Précision : les volontaires ne savaient pas qu’ils auraient un accueil différent.
À la fin de l’exercice, j’ai donné la parole aux trois volontaires pour qu’ils disent ce qu’ils ont ressenti. Comme vous l’imaginez, seul le 2e volontaire avait envie de revenir !
Lors de ce culte, il y avait quelques enfants. Je leur ai proposé d’accompagner les volontaires. Ils ont testé les trois accueils et ont bien compris l’exercice. Plusieurs jours après, certains en reparlent et ils pensent à dire bonjour aux visiteurs. C’est encourageant !
Je crois que cet exercice n’est pas seulement parlant pour les volontaires. Les autres aussi ont été attristés de devoir ignorer ou importuner quelqu’un. Ils se sont rendu compte de la souffrance provoquée. On peut espérer que cet exercice nous aidera à être accueillants, bienveillants et sensibles envers les visiteurs.
Au fait, j’ai pensé à cet exercice en méditant sur un verset qui vous encouragera à poursuivre une réflexion personnelle : « Accueillez-vous donc les uns les autres comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. » (Ro 15.7).