Piètres donateurs, les évangéliques français sont atteints par ce mal national qui veut qu’on parle peu d’argent et qu’on le donne sous le coup de l’émotion plus que par mûre décision. Si Dieu est réellement notre maître, il est alors temps de remettre Mamon à sa place, hors de nos Églises.
À l’heure où les économies occidentales sont à la peine et où chaque citoyen paie durement la folie des banques et la gabegie des États, il est urgent d’agir en disciple du Christ pour ne pas céder à l’avarice. Daniel Marguerat, s’appuyant sur Jacques Ellul, parle de profaner Mamon en introduisant dans cette société qui lui est asservie la sphère du don et de la gratuité :
« Reçu comme un don de Dieu, l’argent n’est plus destiné à être l’oasis de nos peurs, mais un signe de gratuité, créateur de vie et d’amitié — de telle sorte que l’emploi de nos biens illustre non plus le caractère illimité de nos convoitises, mais l’amour donateur de Dieu(1) ».
Profaner Mamon, c’est lutter contre la puissance qu’exerce sur nous l’argent. Mais qu’est-ce que cela peut vouloir dire dans l’Église ?
Oser parler d’argent
Renverser Mamon dans l’Église, c’est d’abord oser parler publiquement d’argent. Le silence fréquent ou les annonces vagues en la matière sont moins le signe d’une saine pudeur que d’une « sainte frousse » alimentée par les discours sur les dérives sectaires. Circulez dans les Églises et vous verrez comment le temps d’offrande peine à trouver sa place pendant le temps de culte. Repoussé en fin de rencontre, parfois oublié, à peine annoncé, il ne semble vécu que comme un mal nécessaire. À une génération qui aime, avec raison, les temps de louange et d’adoration, ne faudrait-il pas apprendre que......