Ma mère a, très tôt dans sa vie, rencontré Dieu comme son Père grâce au chemin tracé par le Christ. Elle nous a transmis une image de la vie avec Dieu, simple comme une respiration, profonde comme une racine nourricière. Enfant, je ne me suis pas beaucoup interrogée sur la foi de mes parents, sur leurs luttes, leurs échecs et leurs victoires. Un jour, devenue adulte et mère à mon tour, j’ai reçu les récits de ma mère avec une autre dimension.
Quand Maman a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du pancréas, à l’âge de 89 ans, c’est elle qui nous a expliqué que sa maladie était fatale. Elle nous a calmement expliqué scientifiquement les dégradations que son corps subirait. Dans sa chambre d’hôpital, régnait beaucoup de sérieux, mais pas d’angoisse. Nous étions placés devant une mort attendue, pas devant celle qui vous surprend au détour du chemin.
Les deux mois qui ont séparé cette annonce de son décès ont été remplis de temps précieux passés ensemble. Tous ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants sont passés tour à tour pour lui dire au revoir. Combien elle était émue quand notre fille lui a montré l’échographie de l’enfant qu’elle portait! «Ce sera le 18ème, mais celui-la, je ne le verrai pas!» Quelle joie éclairait son visage quand, à notre accoutumée, nous entonnions à plusieurs voix quelques cantiques autour de son lit!
Ses derniers instants ont été le reflet de sa vie de confiance en Dieu. Ma sœur qui lui prodiguait les soins infirmiers s’est aperçue en la préparant pour la nuit qu’elle perdait du sang. Cette hémorragie interne était le signe précurseur de son départ. Se tournant vers Maman elle lui a dit: «Maman, je crois que c’est le Seigneur qui vient te chercher.» Et Maman a simplement répondu: «C’est vrai! Alors c’est merveilleux!» Puis elle s’est endormie.