J’ai grandi dans une famille sans problème. Mes parents, croyants sans plus, faisaient de leur mieux pour me transmettre leurs valeurs: honnêteté, joie du travail bien fait… On ne parlait pas de Dieu. La foi était un choix que l’on fait à «l’âge de raison».
La faucille et le marteau
Durant mon adolescence, je cherchais l’idéal! J’ai milité dans les partis d’extrême gauche avant de rejoindre le mouvement hippie. Changer le monde était illusoire, rêver d’un autre monde en vivant en marge de celui-ci, c’était déjà plus réaliste. Avec la musique, les joints, le LSD nous faisions des voyages colorés. Pour assister aux concerts, on se déplaçait en auto-stop.
Je me suis lassé de cette passivité face aux circonstances. J’ai trouvé les loubards plus honnêtes que les baba-cool! Eux aussi vivaient en marge de la société mais avec un autre code d’honneur. Ils m’ont fait découvrir les mélanges d’alcool et de barbituriques. Mes déplacements se faisaient maintenant en voiture volée.
La cuillère et la seringue
À cette époque, j’ai goûté à l’héroïne. La première fois, j’ai été malade toute la nuit. Quelques mois plus tard pourtant ce fut la lune de miel avec cette drogue. Je pensais avoir enfin trouvé ce que je cherchais.
Un matin le masque est tombé. Après chaque injection et le plaisir qu’elle apportait, revenait cette lancinante question: «Et maintenant, où et comment acheter la prochaine dose?» Tous les moyens étaient bons. En vivant dans la rue, j’ai appris à trouver le point faible de la personne sollicitée et à en tirer avantage.
Cela a duré une dizaine d’années. Je m’enfonçais de plus en plus. Je savais que mon avenir était une tombe prématurée. Certains de mes copains sont morts d’overdose. J’en venais à m’envoyer n’importe quoi dans les veines. J’ai connu les cures dans les hôpitaux psy et les hépatites carabinées! J’ai essayé de vivre à l’étranger ou dans des coins perdus pour échapper à la drogue. Impossible! Après chaque piqûre, j’étais en colère contre moi. Je jetais la cuillère et la seringue, pour venir les chercher peu après. Je n’étais plus qu’une ombre.
La croix et la foi
Ma famille a tout essayé et sacrifié pour me sortir de l’engrenage. Du fond de son désespoir, ma mère s’est rapprochée de Dieu. Un jour des amis m’ont proposé d’aller à l’église. J’y suis allé et j’ai même accepté qu’on prie pour moi. Quelque chose s’est passé et je me suis mis à pleurer sur ma misère. Je comprenais que la mort de Jésus sur la croix était la victoire contre les forces du mal qui me tenaient captif.
Sans cure et sans crise de manque, j’ai été libéré de la drogue. Maintenant je suis marié et père de famille. Mieux j’annonce cette bonne nouvelle: ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.
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Tiré du magazine Jeun’lib (avec autorisation)