Comment en êtes-vous arrivée à travailler pour Medair ?
À la base, je suis traductrice de formation. Plusieurs portes se sont ouvertes et je les ai franchies pour en arriver là. Je pense que c’est Dieu qui a guidé les choses. J’avais déjà passé deux ans sur le terrain avec World Vision en Afrique de l’Ouest. J’avais vraiment envie de repartir et de m’engager avec une autre organisation chrétienne si possible. Je me suis tournée vers Medair et les choses se sont concrétisées très rapidement.
Quelles missions avez-vous accomplies avec Medair ?
Ces six dernières années ont été mouvementées. J’ai rapidement intégré son équipe d’urgence. Il s’agit de personnes déployées en 24 heures suite à une crise ou à une catastrophe. Je suis partie en Sierra Leone lors de la crise Ebola en 2014, puis au Népal en avril 2015. Le lendemain du séisme, j’étaissur place pour distribuer des kits d’abris aux populations isolées dans les montagnes. J’ai pris goût à l’urgence. J’ai enchaîné avec l’Irak, la crise syrienne et l’ouragan Matthew en Haïti en 2016, puis la crise des Rohingyas au Bangladesh, etc.
Quel regard portez-vous sur votre travail ?
Pour être honnête, je ne suis pas très à l’aise quand j’entends des gens me dire que mon travail est plus admirable qu’un autre. Bien sûr, il y a des difficultés qui sont hors du commun mais il ne me demande pas plus de courage qu’un autre travail, car il me convient. Je n’aime pas quand ce qui ressort d’un échange, c’est l’idée que ce que je fais est extraordinaire. En tant que chrétiens, nous avons pour mandat de nous occuper de la veuve et de l’orphelin, quelle que soit la forme de cet engagement. Le mien se fait dans l’humanitaire avec Medair. Pour d’autres, il se traduira de manières différentes.
Certaines situations rencontrées vous ont-elles particulièrement marquée ?
L’attitude des communautés que l’on venait aider m’a profondément touchée. Je les ai vues dans des situations de vulnérabilité extrême, sans pleurer sur leur sort. Les Rohingyas avaient vendu le peu qu’ils avaient pour passer la rivière et fuir les atrocités au Myanmar. Ils ont continué de nous dire : « On fait confiance à Dieu » alors qu’ils avaient tout perdu, êtres chers et possessions. C’est une grosse claque quand on vient de milieux plus aisés. Surtout qu’en tant que bonne Française, j’aime me plaindre quand ça va mal. N’ai-je pas l’immense privilège par rapport à eux de connaître Jésus-Christ et de pouvoir me tourner vers Dieu, mon Père, à chaque instant ?