Des besoins sans cesse croissants
L’association protestante œuvre depuis plus de cinquante ans auprès des sans-abris à Paris et n’a jamais eu autant de travail qu’en ce moment. « On constate 120 % d’augmentation aux repas par rapport à la période précédant la crise », confie Gilles Boucomont, par ailleurs pasteur d’une Église non loin de là.
Engagé avec la structure de solidarité depuis deux ans et demi et très présent dans l’opérationnel, l’homme de foi a une préoccupation de longue date pour le social. Il a notamment été confronté à l’extrême pauvreté lors de sa coopération en Afrique de l’Est. « Ici, c’est différent évidemment », précise-t-il. « On fait face à des gens qui avaient une vie normale mais qui ont connu un accident de la vie. » Il poursuit : « Ça fait réfléchir sur la précarité de l’existence. » Un rappel que tout n’est que grâce !
De la Parole aux actes
Son action, Gilles Boucomont la lie étroitement à sa foi. Pour lui, il y a la nécessité d’être cohérent entre ce qu’il prêche et ce qu’il met en pratique. « Je crois en un Évangile qui libère spirituellement, mais aussi matériellement et économiquement », explique-t-il.
Le ministre du culte assume facilement sa casquette de pasteur. Celle-ci a d’ailleurs plutôt tendance à lui ouvrir des portes. Cette figure traditionnelle est un point de repère positif pour un public assez déstructuré, quand bien même les bénéficiaires sont musulmans. « Il n’y a plus de notabilité à être pasteur dans la société aujourd’hui, sauf dans ce cadre-ci », relève Gilles Boucomont. Petite anecdote qui peut paraître surprenante, le bar anarchiste de Belleville est devenu l’un des plus gros sponsors de la Mission Évangélique en lui offrant régulièrement des gobelets habituellement utilisés pour servir la bière. « Ils sont anticléricaux mais ils regardent avant tout aux actions. »
Des occasions d’être encouragé
Gilles Boucomont regorge d’histoires plus touchantes les unes que les autres. « Un musulman que l’on a aidé a eu un boulot », raconte-t-il. « Il nous a donné 10 % de son premier salaire pour nous remercier. » Une autre fois, un pâtissier du quartier leur a offert une pyramide de 150 macarons. Ils lui ont demandé pourquoi il leur faisait un cadeau aussi coûteux. Sa réponse ? « Je n’oublierai jamais que j’ai mangé chez vous pendant trois mois et demi. » Des récits qui donnent envie de passer à l’action, non ?