Ce soir-là, nous étions des milliers, hommes, femmes, enfants, venus de toute la région pour écouter Jésus. Je ne sais plus qui avait annoncé sa présence là-bas, mais nous avions tout quitté pour aller l’écouter. En chemin, nous rencontrions des groupes venant d’autres villages – eux aussi s’étaient fait passer le mot. Nous étions pour la plupart des gens simples, issus de la campagne et de petites villes, maîtres et serviteurs marchant sur la même route pour écouter Jésus.
On n’a pas vu le temps passer
Arrivés dans la plaine, nous nous asseyons pour l’écouter. Jésus a l’air fatigué, mais malgré tout, il nous enseigne au sujet de Dieu. Il parle du passé, du présent, il raconte des histoires, il cite les prophètes, il nous interpelle sur nos croyances et nos rites : c’est incroyable. Tout est limpide avec lui, les obscurs textes lus à la synagogue prennent tout leur sens quand c’est lui qui les explique. Avec passion et clarté, il nous fait comprendre grâce à des exemples que l’essentiel dans la vie, c’est d’aimer Dieu de tout son cœur, et d’aimer son prochain comme soi-même. Notre âme est rassasiée quand nous l’écoutons. Nous n’avons même pas vu l’heure passer et le jour commencer à décliner. Les enfants s’agitent, les femmes s’inquiètent, les hommes envisagent à contrecœur de rentrer... En réalité, nous ne pensions pas rester si longtemps et personne n’a prévu de quoi manger.
Suspense
À un moment, Jésus s’interrompt et parle avec ses disciples. Après quoi, il nous demande de rester calmes et je vois les disciples passer parmi nous pour nous demander si nous avons des provisions. Je sens à leur air dépité qu’ils ne s’attendent pas à grand-chose. Un jeune garçon à côté de moi sort de sa besace des petits pains et deux poissons séchés qu’il donne spontanément. On les apporte à Jésus. On nous demande alors de nous mettre en rangées. Je me demande bien pourquoi.
Que va donc faire Jésus ?
Jésus lève alors les mains vers le ciel, rompt le pain, et fait la prière de début de repas pour remercier Dieu de l’abondance des biens qu’il nous accorde. Personne n’ose faire de remarques. Je vois alors Jésus donner les morceaux de pain aux disciples qui viennent vers nous. Nous laissons les enfants se servir, résignés à jeûner. Mais les disciples reviennent un peu plus tard avec encore plus de pain ! Les enfants se resservent franchement, nous en prenons un peu… Les disciples reviennent à nouveau, nous prenons largement ; ils reviennent encore, nous n’arrivons pas à tout finir. Quand tout le monde a été rassasié, des paniers passent dans les rangs, on y met les restes… Douze paniers pleins reviennent à Jésus. J’entends autour de moi des prières spontanées : « Merci ô Dieu d’avoir pris soin de nous ! Merci car tu es celui qui nourris ! »
Ce que j’en retiens
Jésus enseigne encore un peu, puis nous repartons avant que la nuit tombe. Sur le chemin, je ne cesse de penser à ces douze paniers. Douze signes de la puissance de Jésus. Douze preuves qu’aimer Dieu, c’est aussi prendre soin de son prochain.