Laurence, vous dansez depuis votre enfance ?
Étonnamment non ! À l’adolescence, j’ai eu l’occasion de participer à des comédies musicales mais j’ai pris mes premiers cours à 20 ans, ce qui est vraiment tard pour une danseuse. Enfant, on est rarement encouragé à suivre une carrière artistique. On m’a souvent dit : « Arrête de rêver, garde les pieds sur terre. » Aujourd’hui, je réalise un rêve d’enfance.
Qu’est-ce qui vous amène à danser ?
Je suis quelqu’un d’entier, alors j’exprime naturellement les choses avec mon corps. Pourtant adolescente, j’étais très timide. La danse m’a guérie. Elle a été comme une porte pour me libérer. Je suis aussi persuadéeque l’art est un pont vers l'autre. Il permet de casser les clichés et, au-delà de l’intellect, il permet de toucher les émotions et de discuter plus facilement.
Il paraît que vous dansez dans la rue ?
Oui, je travaille pour une association que j’ai fondée avec mon mari il y a 10 ans : JEM Lyon qui utilise l’art pour partager la foi en Dieu. Je me souviens étant adolescente, pendant un temps de louange, j’étais assise par terre et quelqu’un m’a tendu la main en me disant : « Il faut que tu danses pour Jésus. » Cela a été un déclencheur pour moi. J’ai appris à exprimer mes convictions par la danse hip-hop contemporaine : la rue est devenue ma scène. On y trouve tellement de gens différents avec des convictions variées. L’art est le point commun pour les toucher.
Comment le public réagit-il ?
Très bien en général : nos valeurs étant clairement exprimées, certains n’apprécient pas notre message et passent leur chemin, mais la grande majorité aiment le spectacle qu'ils soient croyants de tout bords, agnostiques ou athées. L’art ouvre le dialogue. Un jour, alors que je dansais, j’ai vu arriver un jeune punk, avec une crête iroquoise sur la tête. Sa présence m’a un peu troublée mais je dansais pour Dieu et non pour lui. À la fin, il m’a dit : « J’ai un père musulman et une mère chrétienne vivant de façon très légaliste. Je n’ai jamais voulu choisir une de ces religions, mais quand je t’ai vu danser, c’est comme si j’avais vu Dieu. » Plus tard, il a commencé une relation personnelle avec Dieu.
Quels sont vos projets ?
J’aspire à améliorer mes compétences techniques en me formant. Je cherche toujours l’excellence dans ce que je fais. Je rêve de créer un collectif d’artistes qui s’encouragent dans la créativité et qui développent ce lien entre foi et expression artistique. Contrairement à ce que beaucoup pensent, Dieu est accessible et nous pouvons transmettre son message par l’art. Je continue à danser dans l’église, sur scène, en prison ou dans la rue … partout où je peux aller apporter ce message d’espoir et de foi.