Il est venu me voir à cause d’un malaise existentiel. Nous avons commencé un travail thérapeutique et il allait mieux. Puis un jour, une opportunité de changement de fonction se présente dans son entreprise. Il aborde cette question et souhaite que je l’aide dans ce choix. Notre travail prend une tournure différente. Nous quittons le domaine de la thérapie pour entrer dans celui du coaching.
Une aide ponctuelle pour un contrat précis
Le coaching n’est ni de la psychothérapie, ni du conseil, ni de la formation. C’est une série d’entretiens, basés sur un contrat bien défini, et comportant des objectifs précis à atteindre Quand vous rencontrez des difficultés professionnelles - prise de poste, difficultés à gérer son temps par exemple - vous n’avez pas forcément envie de suivre une psychothérapie. Mais vous seriez reconnaissant d’avoir quelqu’un pour vous aider ponctuellement.
Le coach n’est pas là pour apporter des solutions aux problèmes que son client (le coaché) présente. Il ne lui dira pas ce qu’il doit faire. Mais il l’aidera à trouver en lui les ressources nécessaires.
Il pourra lui donner des conseils, mais son rôle sera surtout de poser les bonnes questions et de l’aider à construire ses propres stratégies de réussite.
Dans la formation, le formateur donne des lignes générales que chacun mettra en pratique en fonction de son contexte. Dans le coaching, c’est le coach et le coaché qui construisent ensemble ce qui doit être mis en pratique.
Dans la thérapie, le client vient avec une souffrance qui concerne sa vie privée. Dans le coaching, le client vient avec une problématique qui concerne sa vie personnelle et professionnelle. Cette distinction entre les trois sphères de vie : privée, personnelle et professionnelle, est fondamentale pour comprendre la différence entre coaching et thérapie.
Un travail commun entre le coach et le coaché
Ce qui caractérise surtout le coaching, c’est cette volonté affichée dès le départ d’atteindre un objectif précis. Il est orienté « résultat ». À la manière anglo-saxonne, il s’organise autour de trois questions :
1. Quel est votre projet ?
Cette question implique un travail d’investigation du coach pour comprendre la demande du client. Celle-ci n’est pas toujours facile à cerner car « un train peut en cacher un autre ». C’est l’art du coach, grâce aux questions, aux reformulations, de trouver la vraie problématique.
2. Qu’est-ce qui vous empêche de le réaliser ?
Le coach analyse avec le client les freins, les obstacles qui l’empêchent, ou l’ont empêché jusqu’à présent, d’atteindre cet objectif.
3. Comment dépasser vos limites ?
Le coach et le coaché travaillent ensemble pour permettre à ce dernier de surmonter les obstacles.
Du showbiz au sport
Le coaching est né dans le monde du show business, aux États-Unis, quand des acteurs de cinéma ou de théâtre ont pris conscience qu’un impresario n’était pas suffisant pour gérer leur carrière, et qu’il fallait une aide morale et psychologique dans leur travail. Du show business, le coaching est ensuite passé dans le monde du sport où il s’est révélé rapidement indispensable. Si des freins sont en moi, et que je ne peux pas les lever, je deviens mon propre problème.
« Si l’entraîneur parvient à amener son élève à lever ou à contrôler les obstacles intérieurs qui l’empêchent d’atteindre son niveau optimum de performance, le potentiel naturel de cet élève se manifestera sans qu’il ait besoin d’un apport technique massif de l’extérieur ». En fait, il s’agit de « rencontrer l’adversaire que l’on porte en soi et qui est bien plus redoutable que celui qui est derrière le filet »Timothy Gallwey*.
Le monde de l’entreprise, qui est aussi un milieu de compétition et de performance, s’est rapidement intéressé à cette nouvelle méthode, à commencer par les chefs d’entreprise. Puis le coaching a été décliné sur les différentes strates du management.
Du sport au privé
« Jamais peut-être autant qu’aujourd’hui, les valeurs relatives à la dimension du professionnalisme ne sont apparues aussi communes aux champs du management sportif et du management industriel et commercial », déclarait Gérard Houllier, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France.
Enfin, après les mondes du showbiz, du sport et de l’entreprise, le coaching s’est aussi intéressé à la sphère du privé. Certaines personnes font appel à un coach pour réfléchir à leur choix de carrière, changer de mode de vie, améliorer leurs relations avec leur entourage, voire choisir un conjoint ou préparer un concours ou un examen !
Coaching et Évangile
A priori le coaching semble éloigné de l’Évangile. Jésus n’a pas dit : « Heureux les champions » mais « Heureux les pauvres en esprit ». De plus, le croyant évangélique est plutôt invité à se « laisser conduire par le Saint Esprit » qu’à faire confiance à une technique utilisée dans le monde du sport et de l’entreprise.
Le coaching peut-il prendre sa place à côté de l’entretien pastoral, de la relation d’aide, du conseil conjugal ? On comprendra son utilité si on enlève la notion de « champion » pour la remplacer par « serviteur efficace ».
Prenons le cas de 5 prêtres ou pasteurs : le premier endort son auditoire en prêchant, le deuxième rencontre des problèmes relationnels avec son conseil ou son équipe d’animation, le troisième a du mal à écouter les difficultés de ses paroissiens, le quatrième n’arrive pas à gérer son temps, le cinquième n’arrive pas à s’affirmer. Cela ne servira à rien de leur dire de « faire des efforts ». Des conseils pourront aider quelquefois. Mais aider chacun, personnellement, à établir sa propre stratégie de réussite, pour expérimenter un vrai changement, voilà ce que pourrait permettre un coaching.