Le jeune Luther est un moine pieux : « Toute ma vie n'était que jeûnes et veilles, oraisons et sueurs... Le jeu aurait encore un peu duré, je me serais martyrisé à mort à force de veilles, de prières, de lectures et d'autres travaux. »
Obsédé par la question de son salut
Martin Luther passe par une crise avant tout spirituelle et théologique. Il a un sentiment très aigu de l'absolue sainteté de Dieu devant laquelle il se sent indigne. « Moi pécheur indigne, que dois-je faire pour être sauvé ? » se demandait-il. « Que puis-je donc faire pour mériter les bonnes grâces de Dieu et aller au Paradis au moment de ma mort ? »
Autour de lui, l’Église enseignait la « remise de peine » en échange d’argent ou de dévotions qui prenaient des proportions démesurées.
Entre 1513 et 1515
C'est d'une façon personnelle et probablement progressive, dans la lecture et la méditation de la Bible, que Luther va enfin comprendre en quoi l'Évangile est vraiment Bonne Nouvelle : il va y découvrir un autre moyen d'obtenir le pardon de ses péchés !
Luther a plus de trente ans quand il se trouve face à face avec le texte de la lettre dite de Paul aux Romains. Bien des années plus tard, il racontera comment il a découvert le sens de l'expression « la justice de Dieu révélée dans l'Évangile ». Il comprend enfin qu’elle ne désigne pas, comme il l’avait longtemps cru, le pouvoir judiciaire par lequel Dieu punit le pécheur, mais la justice que Dieu donne gratuitement à celui qui croit. Dès lors, loin de distribuer les châtiments, cette justice sauve !
Et c’est ainsi que Luther se découvre sauvé par grâce, juste parce que c’est la volonté de Dieu, parce qu’il l’aime sans condition ni contrepartie. La grâce offerte gratuitement.
Rien de nouveau en réalité
Luther a remis à jour une doctrine de la Bible oubliée depuis des siècles, noyée dans des traditions et des dogmes surajoutés au fur et à mesure. Désormais, toute sa vie sera un commentaire de cette découverte – un « hymne à la grâce ». Cette conversion, qu'il reçoit comme un don, est le véritable point de départ – souterrain encore – de la Réforme protestante. Désormais, le Dieu de Luther n'est plus un juge menaçant, mais un Père aimant. Non plus un Dieu qui exige, mais d'abord et essentiellement un Dieu qui donne et qui se donne.
Libéré !
Du début à la fin de son ministère, Martin Luther va lutter inlassablement et vigoureusement, pour que cette vérité libératrice du salut par la grâce soit annoncée à un peuple devenu otage d'un clergé qui lui marchandait le salut. Sans considérer le prix à payer, il annoncera le salut acquis par la mort de Jésus-Christ pour nos péchés qui délivre de la crainte du jugement.
La Réforme, c'est cela. Cela d'abord. Cela essentiellement. Et cela reste parfaitement d’actualité !