Contrairement aux divinités antiques qui n’exerçaient leur pouvoir que sur un territoire restreint, la Bible présente Dieu comme créateur et « roi » de toute la terre, maître sur la nature toute entière. Dès sa première page, nous le voyons créer le monde et donner la vie de sa propre initiative. Sa Parole est créatrice. Il suffit qu’il dise et la chose est. Tout est bien ordonné dans sa création et le résultat magnifique : « Le Seigneur fait pousser du sol toutes sortes de beaux arbres, avec des fruits délicieux. » Ceci sera rappelé maintes et maintes fois : « C’est au Seigneur… qu’appartiennent le ciel, la terre et tout ce qui s’y trouve. »
De ces enseignements de base découle toute une série de conséquences.
Le monde n’est pas Dieu et Dieu n’est pas le monde
C’est ce qu’exprime avec force le Psaume 29 : « La voix du Seigneur fait trembler la terre, brise les cèdres, fait enfanter les biches. C’est elle qui présidait même au déluge. » Cette distance très nette entre Dieu et sa création rend à Dieu ce qui lui est dû. Elle préserve aussi la création, considérée pour ce qu’elle est dans sa réalité, son fonctionnement, son ordre. Cette distinction permet la science moderne.
Honorer Dieu implique de respecter sa création
On lit dans la première page de la Bible : « Dieu constata que tout ce qu’il avait fait était une très bonne chose. » Plus loin, elle nous invite à souhaiter : « Que le Seigneur se réjouisse de ce qu’il a fait ! »
L’expression biblique « la terre et tout ce qui la remplit » est une façon de dire que Dieu est particulièrement heureux de la plénitude de vie et de la diversité qu’il a créées. Sa fierté, c'est le foisonnement, la surabondance de sa création. Nous voilà invités à respecter et à valoriser cette diversité.
La nature dit la gloire de Dieu
Le Psaume 148 appelle tous ensemble les « astres, monstres marins, abîmes, feu, grêle, montagnes, arbres fruitiers, animaux, rois, jeunes gens, vieillards et enfants », à exprimer ensemble une louange universelle qui monte vers Dieu. Chacune de ces créatures manifeste ainsi, même si c’est de façon inconsciente, la gloire du Seigneur. La louange qu’apporte un paysage magnifique n’est pas une louange verbale, mais un hymne rendu par la beauté qui s’en dégage. C'est cela qu'a tenté d'exprimer au 16e siècle Du Bartas, le poète français de la création : « Je te salue, ô Terre, ô Terre porte-grains /Porte-or, porte-santé, porte-habits, porte-humains... »
L’homme est invité à dire à Dieu sa reconnaissance
Au sein de la création, l’homme occupe une place particulière.
Alors que la nature n’a pas de mots pour exprimer sa louange, l’homme a un langage intelligible et la liberté de faire monter, ou pas, vers Dieu sa joie et sa reconnaissance. Il ne loue pas Dieu à son insu mais en utilisant librement sa volonté.
Un accident a tout gâché
Suite au rejet de Dieu par l’humanité orgueilleuse, le monde est devenu hostile : la souffrance et la mort font désormais partie du quotidien de la nature. Les paroles divines à l’homme pécheur sont sans appel : « Le sol est maudit à cause de toi ; c’est avec peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie. Il fera pousser pour toi des épines et des chardons, et tu mangeras l’herbe de la campagne... »
Et pourtant…
Simultanément, la Bible souligne que Dieu continue de veiller aux équilibres du monde et la création continue de conserver une partie de sa beauté.
C’est aussi pour cela que Jésus a pu s’inspirer largement, dans son enseignement, de son environnement. Il y a puisé ses plus belles images : paraboles du bon Berger, du vignoble et du vigneron, du figuier qui ne porte pas de fruit, du bon grain et de l’ivraie. Jésus savait choisir ses comparaisons et y donner un sens compréhensible par tous : « Pourquoi alors vous faire du souci pour les vêtements ? Observez les fleurs des champs, regardez comment elles poussent. Elles ne filent pas et elles ne tissent pas. Pourtant, je vous le dis : même Salomon, avec toute sa richesse, n'a jamais eu de vêtements aussi beaux qu'une seule de ces fleurs. »
Des promesses pour la création
Le prophète Ésaïe avait déjà exprimé de façon poétique la restauration de l’harmonie au sein de l’ordre créé : « Alors le loup séjournera avec l'agneau, la panthère aura son gîte avec le chevreau. Le veau et le lionceau se nourriront ensemble, et un petit garçon les conduira... » Le dernier livre de la Bible reprend une autre des promesses qu’on trouve dans son livre : « Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre... Dieu lui-même sera avec eux, il sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux. Il n'y aura plus de mort, il n'y aura plus ni deuil, ni lamentations, ni douleur. En effet, les choses anciennes auront disparu. »
Les chrétiens attendent ainsi une création entièrement renouvelée. Ce sera le point final du projet de salut de Dieu.
Passé, présent et avenir
Les beautés de la nature ne nous font pas simplement regarder en arrière vers un passé qui n’existe plus ou nous projeter dans un avenir qui n’est pas encore.
Si j’ajoute foi à ce que la Bible m’apprend, je ferai dès maintenant ce que je peux pour que Dieu « se réjouisse de ses œuvres ». Je le ferai en étant reconnaissant et ébloui de ses merveilles, mais aussi en adaptant un style de vie qui témoigne de mon respect de sa création. Dans ce cas, je contribuerai selon mes moyens à partager de façon plus juste et généreuse ce capital que Dieu a confié à l’humanité entière.