C’est assez tardivement dans sa vie de moine que Luther est entré en contact direct avec la Bible. Quand il découvre le récit de Samuel, un émerveillement profond le saisit : comme ce serait merveilleux de posséder ce livre, pense-t-il, de le lire tout entier, de l’étudier !
Il écrira plus tard : « Nul remède, nul conseil ne m’aurait aidé, si le Christ n’était venu et n’avait pas ouvert la Bible, et n’était pas devenu ainsi par sa Parole mon conseil et ma consolation. »
Au nom de la Bible !
Lorsque le 31 octobre 1517, Luther affiche ses 95 thèses sur les indulgences, pour la réforme de la doctrine et de la morale de l’Église, il écrit : « Je me suis élevé contre les indulgences… mais sans violences. Je n’ai fait qu’annoncer, prêcher, publier la Parole de Dieu et rien d’autre… Moi je n’ai rien fait, c’est la Parole de Dieu qui a tout accompli. »
En 1522, alors qu’il est recherché par toutes les polices de l’empereur Charles-Quint, Luther trouve refuge dans le château de la Wartburg en Thuringe. Là, dans une petite chambre, il puise les forces nécessaires pour repartir de l’avant. Il écrit alors beaucoup de lettres, de traités, de commentaires.
Dieu parle allemand
Luther veut que le peuple comprenne la Bible. Pour cela, il lui faut la traduire en cherchant le sens des textes originaux hébreux et grecs, et en la rendant compréhensible pour tous. Il lui faut donc tenir compte des différents parlers de l’époque. Sa Bible va ainsi être à l’origine de l'allemand moderne. De la Wartburg, il écrit à son peuple de Wittenberg : « Jamais nulle part dans le monde, on n'a écrit de livre plus facile à comprendre que la Bible. Comparée aux autres livres, elle est comme le soleil par rapport à toutes les autres lumières. Ne vous laissez convaincre par personne de l'abandonner sous aucun prétexte. Si vous vous en écartez un instant, tout est perdu ; on pourra vous entraîner n'importe où. Si vous restez fidèle aux Écritures, vous serez victorieux. »
Le moine se marie
Bientôt, Luther rédige une série de traités sur l’école et le mariage (1). Il faut en effet partout des établissements scolaires pour que garçons et filles soient capables de lire, d’écrire, de connaitre la Bible et de développer leurs facultés. Il faut partout revenir à l’enseignement de la Bible en encourageant des foyers solidement établis sur le mariage. Il montre lui-même l’exemple en se mariant avec Katherine de Bora. Il le fait « pour plaire à Dieu ». À ses yeux « le mariage est un ordre et une institution de Dieu ». Il ajoute : « Quand j’ai voulu prendre ma Kathe, j’ai prié sérieusement. » Ayant ainsi choisi d’obéir à la volonté de Dieu, Luther est pleinement heureux : « Je ne l’échangerai pas contre la richesse de Crésus. »
Katherine soutiendra Luther dans ses rudes combats, faisant de sa maison un lieu de paix et de sérénité.