On connaît le pasteur Nick (1868-1954) comme l’apôtre de Fives, quartier ouvrier de Lille où il s’est installé, avec sa femme, en 1897. Il y a fondé une œuvre qui reste une référence en matière d’annonce de l’Évangile en milieu ouvrier. On lui doit aussi Le Foyer du peuple, avec réunions religieuses, cours d’alphabétisation, chorale, conférences, Croix bleue (contre l’alcoolisme), Croix blanche (contre la « débauche »)...
Quand la première guerre mondiale éclate, il se rallie à la défense nationale, conforté par l’invasion de la Belgique et l’occupation de tout le nord de la France. Le 10 août 1914, il annonce à sa femme restée dans le Midi qu’il est nommé aumônier (volontaire) brancardier au premier Corps d’armée. Le ménage va rester séparé de longs mois jusqu’à une permission en mai 1915.
Un de ses descendants, Grégoire Humbert, a déchiffré, transcrit, annoté, présenté les milliers de lettres échangées entre Henri Nick, sa femme Hélène, des collègues, des amis et des soldats.
Un trésor à découvrir
Tome 1 : "La main de l’Éternel serait-elle trop courte ?", correspondance de guerre 1914.
Les croyants sont tenaillés par une question : « Pourquoi Dieu n'intervient-il pas pour empêcher cette guerre ? » Henri et Hélène Nick, chrétiens sociaux pacifistes, vivent ce temps de guerre comme un échec. Pour eux, la question essentielle demeure : comment témoigner de leur foi en un Dieu d'amour au milieu du cataclysme ? En tant qu’aumônier, Henri Nick retrouve sur le front des jeunes hommes qui, la veille encore, fréquentaient l'œuvre d'évangélisation qu'il a fondée. Il poursuit auprès d'eux son ministère de pasteur et d'aumônier.
Tome 2 : "On n'attendait pas la mort si tôt", correspondance de guerre Janvier-Avril 1915.
Henri et Hélène Nick abordent tous les aspects d’une guerre qui est maintenant totale. Les combats de Champagne du début de l’année 1915 sont parmi les plus durs qu’Henri Nick connaîtra. Leurs paroissiens sont touchés soit par l’occupation allemande, soit par la mort de proches. Leur famille et leurs amis ne sont pas épargnés.
Tome 3 : "À l'heure où les balles ne sifflent pas", correspondance de guerre Mai-Décembre 1915.
Notre attention est portée sur des problématiques diverses, souvent universelles. Ainsi, lorsqu’en juin 1915, le caporal Edmond Cheuva du 43e régiment d’infanterie refuse de participer au peloton qui doit fusiller des soldats russes et arméniens, il justifie son attitude en se référant aux conseils que lui a toujours prodigués Henri Nick, alors aumônier militaire protestant du 1er CA, mais qui est avant tout son pasteur depuis des années. Il est exempté de peloton d’exécution.
Tome 4: "Ce qui laboure nos cœurs", correspondance de guerre 1916 Verdun et la Somme - le ciel est si tentant de cette terre où le mal règne.
Le pasteur Nick s’illustre en 1916 lors des combats de Verdun puis de la Somme, durant lesquels il est blessé, ainsi qu’au Chemin des Dames en avril 1917. En pleine attaque, sa haute silhouette toujours surchargée de musettes, couvertures, paquets divers, destinés aux blessés, apparaît au milieu des combattants chaque fois qu'il y a un coup dur.