Face aux actes extrêmes des terroristes, des chercheurs en neurosciences ont formulé l’hypothèse qu’on pourrait peut-être expliquer leurs origines par le manque de tolérance envers « l’autre différent ».
La tolérance est la capacité d’accepter les points de vue d’autrui même s’ils diffèrent du nôtre. Selon la psychologie du développement, l’apprentissage de la tolérance est lié à la construction par étapes du sens de l’empathie appelé aussi le « sens de l’autre ». Elle associe dans notre cerveau les émotions (ressentir les émotions d’autrui) et la réflexion (s’imaginer à sa place).
Des émotions
Entre un an et deux ans, une forme d’empathie affective se fait jour. L’enfant apprend à identifier l’émotion d’autrui au point de l’éprouver lui-même. Il ressent lui-même des émotions d’approbation ou de désapprobation en présence d’autres humains. Ce partage émotionnel intuitif, automatique et rapide, semble être sous-tendu par certaines régions du cerveau.
Vers la réflexion
Vers quatre ans et demi apparaît la deuxième composante du « sens de l’autre » : l’aptitude à appréhender les pensées et désirs d’autrui pour ensuite estimer ses intentions et anticiper ses comportements. L’enfant devient capable d’imaginer ce que l’autre ressent et pense en prenant en compte ses différences. C’est un système conscient, lent, qui nécessite l’intégration d’informations multiples : les conditions de vie, le contexte culturel, le caractère de l’autre… L’enfant peut alors établir une distinction entre les pensées et les émotions qui viennent de lui ou des autres.
À la combinaison des émotions et de la réflexion
Entre neuf et douze ans, et sous certaines conditions, le développement du cerveau conduit l’enfant à entendre le point de vue des autres. Pour y arriver, il a besoin d’être encouragé et que ses efforts soient mis en valeur. Au lieu d’une approche centrée sur lui, il apprend à prendre en compte un point de vue extérieur. L’enfant fait alors un important effort pour mieux comprendre le vécu et le point de vue des autres. Il y intègre la dimension émotionnelle avec plus de justesse.
Cette nouvelle capacité de relier le système automatique des intuitions et le raisonnement conscient dépend largement des incitations extérieures.
Les conditions de la tolérance
Quand son éducation ne l’a pas préparé à penser les points de vue diversifiés, l’adolescent risque d’être tenté par les mouvements radicaux qui le confirment dans sa manière de fonctionner.
Développer la capacité à entendre d’autres points de vue concerne l’école et les parents. La tolérance s’élargit alors à l’ensemble de l’humanité. C’est le fondement de l’accès aux valeurs morales et d’un sens plus abouti de la justice et de la réciprocité.
Maturation du cerveau
Différentes parties du cerveau sont successivement activées chez l’enfant. Tout d’abord, l’amygdale, l’hypothalamus et le cortex orbitofrontal (sièges des émotions) puis le cortex préfrontal (pour la réflexion). L’interaction entre ces différentes parties nécessite de multiples stimulations pour se construire progressivement.