Il y a plus de 3.500 ans, les Israélites ont souffert de l'esclavage en Égypte. Ils en sont sortis par l'intervention de Dieu et ont entamé une longue marche dans le désert. C'est là que Dieu leur a donné les Dix Commandements. Ce programme est clair. Il commence par : « Je suis le Seigneur ton Dieu. C'est moi qui t'ai fait sortir d'Égypte, où tu étais esclave ». Il rappelle ensuite le caractère unique de Dieu : « Tu ne dois pas avoir d'autres dieux que moi » et c'est alors qu'il ajoute : « Ne représente pas ce qu'il y a là-haut dans le ciel ».
On peut se demander alors : pourquoi la multiplicité des images pieuses chez les chrétiens ?
L’image pour guide
À une époque où la majorité de la population était analphabète, les statues et les vitraux des églises venaient soutenir l'enseignement des prêtres. Beaucoup de ces images représentaient des scènes de la Bible. Les tableaux naïfs de la Nativité venaient par exemple rappeler que Dieu s'est fait homme en Jésus. Les représentations de ses miracles cherchaient à évoquer que sa venue a bousculé l'ordre établi : l'aveugle voit, le mort ressuscite. Et que dire des représentations du jugement dernier ? Si elles ont parfois fait naître une peur de Dieu et une soumission aveugle à l'Église établie contraires à l'enseignement biblique, elles avaient au moins le mérite de rappeler que nos actes entraînent des conséquences.
La tentation de l'idolâtrie
Alors pourquoi cette insistance de Dieu pour qu'on ne le représente pas, ni lui ni le monde spirituel ?
Dieu lui-même l'explique : « Ne te mets pas à genoux devant ces dieux, ne les adore pas ». Dieu sait que si nous choisissons de le représenter, nous aurons tendance à adorer la représentation plutôt que lui. C'est ce qui est arrivé quand, malgré l'ordre de Dieu, les Israélites ont fabriqué un veau en or pour le représenter. Ils ont alors déchaîné sa colère. Car représenter Dieu, c'est le défigurer, le réduire. Il est tout autre que nous, toujours au-delà de nos plus belles représentations, et radicalement différent de ce que nous pouvons imaginer.
Représenter ou se le représenter, c'est en fait se placer en créateur de Dieu et donc renverser la relation qui nous lie à lui. Quand Dieu désire se faire connaître, il parle et sa voix est créatrice. Il dit, et ce qu'il annonce arrive.
Apparence ou réalité
Notre regard ne perçoit en fait qu’une apparence, la réalité lui échappe. C’est pour cela que même les témoins d’un même événement donnent parfois des récits discordants. Les toutes premières pages de la Bible nous montrent que l’œil est trompeur. Le serpent tentateur fait miroiter un beau fruit à Ève et prétend : « vos yeux s’ouvriront ». Effectivement, Ève voit que le fruit est beau et en conclut qu’il doit être bon. Or, Dieu lui avait défendu d’y toucher. Cette désobéissance va entraîner sa chute. Ses yeux s’ouvrent en effet, mais elle se voit nue. Elle perd la joie de la présence de Dieu et aura désormais besoin d’être protégée.
Croire plutôt que voir
Thomas, l’un des disciples de Jésus, ne pensait possible de croire que Jésus était revenu à la vie après sa mort que s’il le voyait de ses yeux et le touchait de ses mains. Que lui dit Jésus lorsqu’il le rencontre ? « Ils sont heureux, ceux qui n’ont pas vu et qui croient ». La foi repose bien sur des faits concrets, mais elle va beaucoup plus loin. Elle est aussi faite d’espérance, de confiance et d’amour. Pouvait-il être plus clair ?
Jésus, la vraie image de Dieu
La Bible est formelle : « Personne n’a jamais vu Dieu ». Par contre, Jésus a déclaré : « Celui qui m’a vu a vu le Père ». Le paradoxe, c’est que les évangiles ne nous donnent aucune description de son physique. La seule chose que la Bible nous rapporte est qu’« il n’avait ni la beauté ni le prestige qui attirent les regards ». Et c’est tant mieux. Ainsi, personne ne pourra se l’approprier au détriment des autres. Était-il grand ou petit ? Qu’importe ! Jésus, la vraie image de Dieu, est pour chacun de nous. Nous ne pouvons pas voir Jésus mais il parle encore aujourd’hui à qui veut bien l’entendre.