Les faits divers tragiques s’enchaînent: meurtre d’un adolescent pour lui voler son lecteur MP3 (valeur 50 euros); agression mortelle d’un quadra dans un bus; tirs meurtriers en rue par un jeune d’extrême droite; enlèvement, viol et meurtre de plusieurs enfants; évasion rocambolesque de près de 30 détenus; groupement néo-nazi violent au sein de l’armée… La Belgique a peur. Mais comment pourrait-il en être autrement dans un monde occidental de plus en plus morbide?
Orchestration de la peur
Nos actes ne sont-ils pas le résultat de nos valeurs? Or, les valeurs dominantes actuelles sont l’individualisme, l’épanouissement et la liberté. Sur ces bases, chacun réclame ses droits: à l’enfant ou à l’avortement, au mariage ou au divorce, à la jouissance ou à l’ascèse. Peu importe le prix pour les autres. Dans cette société du «droit de jouir» sans les devoirs, les plus fragilisés s’écroulent. Les notions de bien et de mal disparaissent derrière «ce qui me fait du bien» et «ce qui me fait du mal». Le plaisir devient le but ultime de l’individu. La pub, les clips musicaux et la télé ne nous vendent qu’un plaisir: celui de la force, de l’argent et du sexe sans limite. Tant pis pour ceux qui ne sont pas forts, pas riches, pas beaux.
Peur du vide
Dans cette chute effrénée, l’homme se retrouve confronté à son vide intérieur: aucune possession, aucune puissance, aucune jouissance ne nous comblera jamais. Évidemment, on ne le dit pas trop: ce n’est pas bon pour le commerce. Sauf pour celui des pierres tombales… Car face au vide, à la déception des valeurs qu’on nous impose, la «foule sentimentale» (cf. Souchon) finit par croire que la mort vaut mieux que la vie. Celle des autres, empêcheurs de jouir en paix ou réduits à l’état d’objets de plaisir, ou la nôtre lorsque la course à la jouissance déçoit une fois de trop (1).
En nous appelant à nous aimer les uns les autres et à considérer les intérêts des autres comme supérieurs aux nôtres, l’Évangile ne pose-t-il pas à l’individualisme le cadre qui lui évite de devenir mortifère? Et si nous redécouvrions ce qui animait, jusque dans le don total de soi, l’individu le plus libre et le plus épanoui qui ait jamais existé: Jésus, le Christ?