On parle de plus en plus d’une nouvelle science au nom bucolique de « transhumanisme ».
De fait, c’est à la fois une science, une philosophie, une nouvelle croyance, pour ne pas dire une nouvelle espérance.
Le transhumaniste est une personne qui soutient qu’un citoyen est un être totalement autonome, qui n’appartient à personne d’autre qu’à lui-même. Cette pensée n’est pas nouvelle, mais là où le transhumanisme va très loin, c’est quand il ajoute que l’homme décide seul des modifications qu’il souhaite apporter à son cerveau, à son ADN ou à son corps, au fur et à mesure des avancées de la science. Cette pensée considère que la maladie et le vieillissement ne sont plus des fatalités.
L’homme bionique
Les défenseurs du transhumanisme attestent que l’humanité ne devrait avoir aucun scrupule à utiliser toutes les possibilités de transformation offertes par la science. Il s’agit de faire de l’homme un terrain d’expérimentation pour les technologies les plus avancées. Cette expérimentation se sert de la robotique, de l’informatique, de l’intelligence artificielle, des nanotechnologies, et même du séquençage de l’ADN. La convergence de tous ces moyens a un sigle : NBIC. On parle aussi de l’homme augmenté ! Cela peut faire penser à ce feuilleton futuriste des années 1970, L’homme qui valait 3 milliards, l’homme bionique. Or la science-fiction des années 70 est largement dépassée par notre réalité. On en est à l’homme reconstruit, transformé, modifié, amélioré toujours et encore. Avec un espoir : l’immortalité.
D’ailleurs, Laurent Alexandre, chirurgien et spécialiste du séquençage de l’ADN, auteur d’un ouvrage intitulé La mort de la mort, précise : « À l’horizon des années 2040, nous introduirons des implants microscopiques dans le cerveau humain, et nous augmenterons nos capacités pour qu’elles soient identiques à celles de Dieu. »
Retour au singe primaire
Ces projets, que Laurent Alexandre présente comme étant démiurges – c’est-à-dire émanant d’une divinité créationnelle – sont financés à coup de milliards de dollars par les GAFA, groupe qui rassemble Google, Apple, Facebook et Amazon. Ils ont pour but de changer l’homme créé par Dieu, et que les transhumanistes appellent l’homme 1.0, pour le remplacer par l’homme 2.0.
Or, tous les hommes ne parviendront pas à ce stade. Il y aura les nantis à 2.0 et, les autres, simples mortels, lesquels ont déjà un nom : les chimpanzés du futur. L’homme, qui viendrait du singe, y retournerait donc ! En tout cas, ceux qui n’ont pas les moyens d’être augmentés !
Toujours le même rêve
Le professeur Israël Nisand s’inquiète : « Quand les GAFA investissent dans des machines à décoder le génome humain à 10 milliards de $ pièce, ce n’est pas pour s’amuser. Ce ne sont pas des philanthropes ; ils y croient et savent qu’ils aboutiront à l’idéologie de demain. »
Il serait temps de se réveiller face à ces étranges entreprises. En janvier dernier, le pape François a reçu le président de Google. Officiellement, on a parlé de communication mais, selon des informations qui ont filtré, le pape aurait surtout réclamé une réflexion éthique sur l’homme, sur les manipulations et sur quelques points fondamentaux qui touchent autant à la théologie qu’à l’anthropologie.
L’inquiétude du pape est totalement légitime, mais finalement, l’homme cherche encore et encore à remplacer Dieu en prenant sa place, transhumanisme ou pas !