Nous souffrons du manque de vérité dans notre vie et dans notre société, mais mesurons-nous bien à quelle souffrance plus grande encore nous risquons de nous exposer en contemplant la « vraie vérité » en face ?
Il semble que les philosophes se battent toujours avec les mêmes thèses qui frôlent l’ésotérisme, et donc le mystère insondable
La vérité n’est nulle part
L’absence de vérité, même si elle est douloureuse, est une évidence pour certains. Elle s’écoule entre leurs doigts tel le sable qu’ils essaient de retenir. Fluctuante, changeante, mouvante, la vérité est une mode qui se transforme et se déforme selon les époques, les tendances, les besoins… Voilà donc que la vérité n’existerait jamais de façon définitive. Mais dire cela, et le croire vrai, c’est envisager qu’il y a une vérité… Est-ce ici un paradoxe ou une absurdité ? Si la vérité n’est nulle part, nous sommes dans la plus totale des absurdités, surtout avec nos prétentions d’avoir raison. Alors, et c’est une autre piste, il est peut-être plus confortable de penser que la vérité est ici, maintenant, enfin !
La vérité est ici
Elle n’est pas pour ceux qui pensent trop avec leur cerveau, qui coupent les cheveux en quatre jusqu’à avoir raison, mais pour ceux qui discernent avec le cœur, qui savent ouvrir les yeux et voir les choses justes et évidentes. La vérité se laisserait approcher par les simples, les purs, voire les naïfs. Dès lors, le royaume de la vérité est pour ceux qui ressemblent aux enfants, lesquels sont capables de s’ouvrir à ce qui s’offre. Tout est bien parce que la logique du cœur a démontré la vérité mieux que les raisonnements.
Cependant, même le cœur qui a raison ne peut enfermer la vérité. Elle lui échappe aussi. Une troisième voie se dessine alors : la vérité n’est pas absente du monde, elle n’est pas ici, mais bien ailleurs.
La vérité est ailleurs
Un ailleurs qu’il faut rejoindre en quittant ses certitudes. Il faut, pour la trouver, se déposséder, parcourir des mondes inconnus en demeurant dans l’attitude du chercheur de vérité comme il y a des chercheurs de Dieu. Le fait d’être en chemin, même si la découverte demeure inaccessible, donne pourtant un sens à votre vie et donc vous fait toucher du doigt une part de vérité. La vérité n’est peut-être pas cachée là où nous la cherchons, mais qu’importe puisque dans cette recherche on se trouve soi-même. Sur cette piste, on découvre que les vérités passées attristent, les vérités présentes dérangent ; seules les vérités à venir rassurent parce qu’elles sont chargées d’espérance. L’ailleurs où se réfugie la vérité demeure une énigme assez motivante pour donner sens.
La vérité est partout
Mais les philosophes les plus optimistes proposent une autre vérité concernant la vérité : elle serait partout et ne demanderait qu’à éclater à tout instant. Il suffit d’être authentique pour engendrer une vérité qui ne peut plus être mise en doute. Avec le risque de confondre la vérité avec sa vérité.
De fait, aucune piste n’est satisfaisante et la question de Pilate reste sans réponse. Sauf que l’homme de pouvoir reconnaît, par sa question à Jésus, qu’il ne connaît pas la vérité. Confession dans laquelle se trouve enfin une part de vrai. Nous ne pouvons connaître la vérité tant que nous cherchons un concept précis, une philosophie juste, un principe rigide.
La vérité est en soi
Une voix libre nous murmure à l’oreille que la vérité est accessible et qu’il faut suivre son chemin plutôt que d’emprunter des pistes humaines. La vraie vérité n’est pas une construction mentale pré-établie par une sagesse plus ou moins populaire, biaisée par le mensonge. Ce qui est à saisir est exigeant et redoutable, mais tout vaut mieux que ce que propose le principe mensonger généralisé de ce monde.
En vérité, en vérité, la Bible déclare avec une audace étonnante, que la Vérité vient d’ailleurs pour demeurer en nous dès que nous sommes dans le Christ.