Quand on interroge ceux qui déclarent avoir « perdu la foi », on entend souvent cette réponse : « la foi me coûtait trop ». Trop de renoncements, trop d'incertitudes, trop de questions, trop de temps "perdu" sur les bancs de l'église. S'éloigner de la croyance, ce serait alors reprendre pied à 100% dans la réalité palpable, loin des illusions. Quitter la foi, pour regagner le monde.
Voués à l’enfer
Dans Les sentiers de la perdition, somptueux thriller adapté d'une bande dessinée éponyme, les principaux personnages se décrivent tous, sans exception, comme déchus. Voués à l'enfer. Parce qu'ils veulent la richesse, ici et maintenant ! À n'importe quel prix. Ces hommes n'espèrent rien de l'invisible. Ils ne croient qu'au visible, si possible sous forme de valises de billets. « In Dollar we trust » pourrait être leur devise, leur mot d'ordre, substitution à une foi chrétienne renvoyée au rayon des accessoires.
En cet hiver 1931 à Chicago, les sbires et associés de John Rooney, chef de la mafia irlandaise, ont tous du sang sur les mains, et une liste de péchés à n'en plus finir. Ils se savent perdus pour le paradis, mais gagnants ici-bas, selon leurs critères fondés sur la frime, l'argent, la gloire. Rien ne leur résiste. Jusqu'au jour où Michael Sullivan, tueur professionnel au service de Rooney, se retrouve précipité loin, très loin de ses certitudes. Tout bascule le jour où son fils assiste, par erreur, à une exécution sommaire perpétrée par Connor, le fils de John Rooney. Témoin gênant, sa vie ne tient dès lors qu'à un fil.... Connor décide d'assassiner toute la famille de Michael pour que personne ne puisse le dénoncer.
Sortir de la spirale de la mort
Frappé par la tragédie, subitement veuf et proscrit, Michael prend la fuite avec son fils. Tout s'écroule. Son univers de mafieux prospère se trouve, en quelques minutes, réduit à rien. Perdu pour perdu, il s'engage alors dans une opération désespérée : se venger. Défier le vieux Rooney qu'il avait si bien servi, et qui n'a pas su le protéger. Une course poursuite haletante s'engage. Face à Michael, la pieuvre mafieuse a de la ressource ! Dès qu’un tentacule est coupé, un autre surgit. Mais notre tueur dispose de deux avantages. Sa connaissance de l'ennemi, dont il fut intime si longtemps, et son intrépidité.
Comme il se sait déjà mort, rien ne semble plus le faire reculer. Jusqu'à retrouver le vieux Rooney, avec qui il a cet échange crucial : certains d'être perdus pour le paradis et bons pour l'enfer en raison de leur choix du Mal, ils se mettent d'accord sur une chose : pour l'enfant survivant, le fils de Michael, l'espoir du paradis ne doit pas être gâché. L'enfant doit sortir de cette spirale de mort, tellement plus coûteuse, en définitive, que la vie chrétienne !
Et la foi, tant oubliée, revient au cœur de la noirceur humaine pour apporter, enfin, un rayon de lumière, et faire bifurquer le sentier de la perdition vers un espoir de vie.