On a peur du lendemain ou simplement des fins de mois difficiles. On a entendu cette formule choc sur les ronds-points des gilets jaunes : « La fin du monde, c'est la fin du mois ! » On a peur du spectre du chômage, de ne plus pouvoir nourrir sa famille...
On a peur de l'étranger, de celui qui est différent et qui vient d'une autre culture, d'une autre religion, d'un autre pays... On le perçoit alors comme une menace. Cette peur conduit à la désignation de boucs émissaires. Elle peut susciter la haine de l’étranger et le racisme. On la voit s’exprimer sous couvert d'anonymat sur les réseaux sociaux, ou masquée dans la meute de certains manifestants.
On a peur pour l'avenir de notre planète. La peur du dérèglement climatique est très présente chez les jeunes générations. Greta Thunberg, nouvelle figure de proue du plaidoyer pour un changement de civilisation, l’illustre bien. Cette adolescente suédoise de 15 ans a pris la parole devant la COP 24 pour interpeller les dirigeants des pays quant à leur inaction pour la justice climatique.
Les peurs ne manquent pas et on peine à trouver des responsables politiques, des hommes et des femmes influents, qui nous rassurent vraiment.
Des peurs et des colères qui ne datent pas d'hier
Mais est-ce vraiment nouveau ? Il est étonnant de relire certains écrits des prophètes bibliques (Ésaïe, Michée...), vieux de quelques 2.500 ans, et incroyablement modernes à nos oreilles. Ils y dénoncent les injustices sociales, ils mènent un réquisitoire contre les nantis et les classes dirigeantes, ils dénoncent les riches propriétaires dans leur appétit de posséder qui est sans limite, eux qui n’hésitent pas à accaparer les terres, à recourir à la fraude et la violence pour arriver à leurs fins. Ces prophètes d’autrefois se désolent que les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Ils dénoncent aussi la complaisance des classes dirigeantes, des responsables sensés donner l'exemple et qui pourtant cèdent à la corruption pour satisfaire leur ambition personnelle. Le cœur de l'homme n'a vraiment pas changé...
Déjà une espérance
En réponse à leur discours engagé, les prophètes annonçaient une espérance. Elle rencontrait les peurs de leur temps, qui se nommaient tour à tour Assyrie, Babylone, guerre, exil, famine... Leur espérance était alors celle d'un libérateur, d'un rétablissement, d'une paix retrouvée. Leurs peurs pouvaient être calmées dans l'attente de celui qui allait accomplir les promesses de Dieu. Cette espérance s'est affinée avec le temps et finalement, dans les évangiles, elle a pris forme en Jésus-Christ.
Au cœur du message de l'Évangile, il y a l'affirmation d'un Dieu qui se fait proche de nous, qui devient l'un des nôtres et partage notre condition. Au cœur de l'espérance chrétienne se trouvent la personne et l'œuvre de Jésus-Christ : sa vie, sa mort et sa résurrection. L'espérance qui rencontre nos peurs, c'est le Christ qui nous rejoint dans nos détresses. Il s'est fait pauvre, il a accepté d'être rejeté, il s'est rendu solidaire de l'humanité.
L'Évangile propose des réponses à nos peurs
Sur la peur du lendemain, des fins de mois difficiles, je ne vais évidemment pas dire que Jésus remplira votre compte en banque ! Mais l'Évangile montre bien que Dieu ne se soucie pas que de notre âme ! Sinon, Dieu ne serait pas devenu homme ! Et l'espérance de la « résurrection de la chair » (comme le dit le
Credo) en témoigne également ! Tout comme dans le
Notre Père, la prière que Jésus a enseignée, où la première demande qui nous concerne dit : «
Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. » Si on choisit un mode de vie simple, dans l'esprit de l'Évangile, qui n'oublie pas la générosité, on peut faire confiance à Dieu pour tous les domaines de notre vie, y compris matériel.
Face à la peur de l'étranger, de celui qui est différent, l'Évangile nous apprend que la peur et la haine ne sont jamais une solution. La solution est dans l'amour : Jésus va même jusqu'à nous inviter à aimer nos ennemis... comme il l'a fait lui-même. Il est venu pour tous, il est mort pour tous. L'espérance de la réconciliation nous conduit sur des chemins de paix et de pardon, et non de peur et de rejet.
Quant à la peur pour l'avenir de notre planète, on peut évidemment se référer à ce que la Bible dit de la Création : cela doit nous inciter à respecter et protéger l'œuvre du Créateur. Mais l'espérance chrétienne a aussi quelque chose à nous dire sur notre planète de demain. On oublie parfois que l'espérance de la résurrection est pour toute la création. En effet, «
ce monde sera lui aussi libéré des forces qui le détruisent et qui le rendent esclave. Alors il participera à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. »
Cette perspective conduit à respecter et préserver cette terre destinée elle aussi au salut !
L'espérance a un nom
L'espérance chrétienne a un nom : Jésus-Christ. Sa vie et sa victoire sur la mort qu'il a soufferte pour nous en sont le fondement. Elle nous rejoint dans notre quotidien, aujourd'hui : celui qui a partagé notre condition prend part à nos souffrances aujourd'hui. Elle nous permet de regarder l'avenir avec confiance : un jour viendra où le projet de Dieu sera pleinement accompli, dans une création renouvelée où il n'y aura plus de place pour les peurs, les souffrances et les pleurs.