Face à d’obscures puissances qui haïssent l’Occident et veulent sa destruction, une petite armée d’hommes et de femmes veille au grain et infiltre patiemment le camp ennemi. Immergés dans une formation sans pitié, Mr ou Mme Tout-Le-Monde en sortent durs comme l’acier, ayant perdu leur identité pour endosser celle d’un personnage. Ce sont les fameuses « Légendes » de la DGSE*, cette série télévisée à succès de Canal plus...
Moins dur qu’on le pensait
Comme tous ses collègues, Guillaume Debailly (Matthieu Kassovitz) a un nom de code : il est « Malotru » mais sous « légende », il est « Paul Lefebvre ». Qui est-il en réalité ? Comme dit le proverbe chinois, est-il « un homme qui rêve qu’il est un papillon ou un papillon rêvant qu’il est un homme » ? Ce qui est certain, c’est que Nadia, sa maîtresse syrienne, est bien réelle et que « Paul Lefebvre » et elle sont éperdument amoureux. Un comble pour un homme formé à ne jamais avoir d’attaches et à se consacrer entièrement à sa mission. Mais Malotru est un homme usé par six ans de vie en immersion totale dans la peau de son personnage en Syrie et en Jordanie. Et il commence à enfreindre les règles, même les plus élémentaires.
Chacun a ses limites
Quant à Sara (Marina Loiseau) elle est en formation : elle doit partir s’immerger dans les secrets de l’Iran nucléaire. Loin de la détruire, la pression qu’on impose à son personnage tout en fragilité fait penser à ce que les entrailles de la terre font subir au charbon quand 20 millions de tonnes par centimètre carré finissent par produire un diamant. Tandis que le docteur Balmes (Léa Drucker) se voit confier par le directeur du service (l’inimitable Jean-Pierre Darroussin) la tâche impossible de percer les secrets des cœurs. Bien qu’elle ait quelques doutes et qu’elle tentera par toutes sortes de moyens de s’approcher de Malotru, elle ne parviendra pas à sonder cet homme formé pour tromper le polygraphe. C’est pourtant le choix du cœur qui l’emportera sur la raison, fût-elle d’État.
La morale ?
Le mensonge est une rouille qui attaque à l’os les plus robustes soldats. Nous ne sommes pas des machines : les pressions et les contraintes ne peuvent venir à bout de ce que nous sommes réellement. Personne ne saurait porter toute une vie le masque des « hypocrites » car nous avons un besoin viscéral de relations vraies, donc de vérité.
LE SAVIEZ-VOUS ?
DANS L’ARÈNE DU THÉÂTRE ANTIQUE, LES ACTEURS PORTAIENT UN MASQUE « PER SONARE » POUR FAIRE RÉSONNER LEUR VOIX ET FAIRE CROIRE QU’ILS ÉTAIENT UN AUTRE. LE MOT GREC POUR DÉSIGNER LE COMÉDIEN QUI « FAISAIT L’ACTEUR » ÉTAIT HIPOKRITÈS.