Voilà un film qui avait fait son petit effet à Cannes dans le festival « Un certain regard ». Il mérite d'être vu. L'excellent Robert Duvall y plonge à froid dans les méandres de l'âme humaine et de la religion du sud profond des États-Unis. Blancs, Noirs : quelle importance ? Tous les hommes sont issus du même sang. Faillibles, ils ont le droit à l'erreur... et au relèvement.
La chute
Sonny est l'archétype du prédicateur texan : bouillant et bruyant comme les sermons des pasteurs noirs qui l'ont abreuvé. Immergé dans la culture du gospel dès sa tendre enfance par sa nounou noire, ses interjections ne sont que « Gloire à Dieu » et « Louange au Seigneur ». Il est un intime de Dieu. Au point que, « certains soirs » dira sa mère à un voisin irrité de son vacarme, « il remercie Dieu, mais ce soir, il l'engueule ». Sonny vient d'apprendre que sa femme (Farah Fawcett) le trompe avec le directeur de l'équipe de louange de son Église. Dénué de la moindre psychologie, il tentera de la récupérer et assommera son rival d'un coup de batte de base-ball sur la tête. Toute la trame du film reposera sur cette question : le blessé survivra-t-il ?
La fuite dans le Sud profond
Alors Sonny, mû par la force du Seigneur plus que par l'énergie du désespoir, fuira dans le Sud à la recherche de son salut. Il plongera aux sources du gospel, dans le Mississipi. Là, sous un faux nom, il relèvera la bannière de Dieu dans une communauté afro-américaine abandonnée de tous. À force d'énergie et de courage, il redémarrera une petite Église peuplée de personnages truculents et profondément attachants : c'est qu'il s'agit d'amateurs qui jouent leur propre rôle. Des acteurs absolument magnifiques !
Il faut récolter ce qu'on a semé
On ne se débarrasse pas de son passé quand on sert un Dieu vivant et vrai. Tout doit venir à la lumière un jour ou l'autre. Et cette confrontation viendra par un athée convaincu et violent (Billy Bob Thornton), farouchement opposé au message de l'Évangile porté par cette petite mais vibrante communauté. La scène de la démolition de l'église par un bulldozer est absolument phénoménale : le persécuteur est arrêté par une Bible ouverte devant laquelle il se retrouve à genoux et en larmes. Pourtant, ce miracle digne de la Bible aura un prix et Sonny finira reconnu, arrêté, emprisonné de longues années et c'est sa voix infatigable qui, encore, rythmera le labeur des forçats.
Le prédicateur ? Un homme authentique, vrai, à l'image du Christ son maître. Avec une grande différence toutefois : le Christ, lui, n'a jamais fauté et n'a eu d'autre sang sur les mains que le sien. Par amour pour nous.