Au Texas, après le décès de leur mère, deux frères, dont l'un sort de prison, doivent trouver une solution pour éviter la saisie de la propriété familiale. Ils organisent alors une série de braquages de banque, ne ciblant que les agences d’une même banque, celle qu’ils doivent rembourser. Un ranger, presque à la retraite, avec son adjoint, mènent l'enquête.
Comancheria contient tous les ingrédients du Western : les cowboys, les hors-la-loi, les braquages de banque, les grands espaces, les fusillades, et même les indiens (l'adjoint du ranger). Mais le tout est traité de façon très moderne, avec une histoire ancrée dans la réalité d'une Amérique profonde contemporaine, où le rêve américain est désormais désenchanté. Le monde de la finance, qui a entraîné la crise des « subprimes », est également clairement visé.
Le scénario, malin, est implacable, formidablement dialogué, les personnages complexes et attachants, excellemment incarnés par un casting de haut vol, et le film est remarquablement réalisé par David Mackenzie. En utilisant les codes du Western – et du film de braquage – Comancheria parle de violence, certes celle qui passe par les armes à feu (c’est le Texas...), mais aussi celle d’un système dominé par la finance, dans un capitalisme aveugle et déshumanisant. Le titre original du film (Hell or High Water) fait référence à une clause qui figure dans certains contrats de prêt qui oblige l’emprunteur au remboursement, quelles que soient les difficultés qu’il rencontre, « même si l’enfer ou le déluge s'abattait sur lui ».
Ce que ce Western contemporain veut illustrer, c’est que, lorsque l’argent et la finance dominent le monde, il devient violent… et les puissants tendent à écraser les petits. L’Évangile l’avait bien compris, en invitant à un retournement radical lorsque Jésus dit à ses disciples : « Vous êtes heureux, vous les pauvres, parce que le Royaume de Dieu est à vous* ! »