Après douze ans d’absence, Louis retourne dans son village pour revoir sa famille : sa mère, son frère avec qui les relations sont conflictuelles, la femme de son frère qu’il découvre, et sa jeune sœur qu’il connaît à peine. Ils ne savent pas pourquoi il veut les revoir... ils ne savent pas que c’est pour leur annoncer qu'il est malade et qu’il va mourir. Mais arrivera-t-il à le leur dire ?
Un drame familial
Juste la fin du monde est un cri dans un cadre intimiste et étouffant. Un film à fleur de peau qui remue le spectateur... Inspiré de la pièce de théâtre éponyme écrite par Jean-Luc Lagarce, le film n’est pas pour autant du simple théâtre filmé. Certes, les dialogues ont une place prépondérante. Mais les non-dits aussi, les silences, les regards. Le tout est magnifiquement rendu par le choix du réalisateur de privilégier les gros plans, laissant régulièrement les personnages qui parlent hors-champ, pour se concentrer sur les réactions silencieuses des autres. Un choix qui accentue le caractère intimiste de l’histoire et place le spectateur au plus près des personnages. La sensation d’étouffement est accentuée. Les accès de violence, dans les rapports familiaux houleux, sont pris en pleine face.
Une famille incapable de communiquer
Nous sommes devant une famille visiblement plombée par un lourd passé qu’on devine seulement en filigrane. Une famille dont les membres, finalement, ne se connaissent pas parce qu’ils s’évitent ou s’affrontent. Une famille où l’amour, sous-jacent, existe sans doute... mais un amour qui est presque impossible à exprimer. Pourtant, à quelques reprises dans le film, on a l’impression que les choses pourraient basculer, une relation pourrait se (re)nouer... mais c’est comme si cette famille s’interdisait l’amour et la réconciliation, préférant la fuite. On pourrait presque voir dans cette histoire une anti-parabole du fils prodigue, avec le retour manqué du fils perdu que les siens refusent, ou n’arrivent pas à accueillir.
Un cri à entendre
Grand prix du jury à Cannes, le film avait aussi reçu le prix du jury œcuménique, et cela avait d’ailleurs étonné bon nombre d’observateurs (et le réalisateur lui-même !). Il est vrai que ce film sombre et pesant semble évoquer l’impossibilité de l’amour et ne paraît pas bien optimiste sur la famille... Mais on peut aussi le voir, en miroir, comme un cri qui appelle à l’amour et la réconciliation, particulièrement dans le cadre de la famille. Un appel auquel un croyant ne devrait pas être insensible.
Informations complémentaires
RÉALISATEUR
Xavier Dolan
PAYS
Canada
ANNÉE DE SORTIE EN FRANCE
2016
ACTEURS PRINCIPAUX
Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux
STYLE
Drame
DURÉE
1 h 39