Cette plaque commémorative se trouve au pied du Pont Neuf,
à quelques mètres du fleuve où tant de corps ont été jetés.
Le 24 août 1572, un massacre de protestants est perpétré à Paris. Il s’étend ensuite à d’autres parties de la France. L’amiral Gaspard de Coligny en a été la première victime.
Signes annonciateurs
L’amiral avait consacré sa vie au service de la royauté. Il s’était battu à Saint-Quentin (1557) contre l’envahisseur espagnol. Fait prisonnier, il lit la Bible que son frère lui a envoyée. Celle-ci va le conduire à une conversion pro-fonde. À son retour, il participe au culte protestant et use de son influence à la cour pour obtenir la liberté aux protestants de célébrer leur culte. Une guerre civile commence. Une faction veut en effet interdire le développement du protestantisme qui touche alors 10 % de la population française.
En août 1572, Coligny se trouve à Paris avec la noblesse protestante pour le mariage d’Henri de Navarre, le futur Henri IV.
Coligny est d’abord blessé lors d’une première tentative d’assassinat par les Guise, commanditée par l’Espagne. L’assassinat de tous les chefs protestants est alors décidé.
24 août 1572, à l’aube
Dans une capitale officiellement en paix, l’amiral est sauvagement tué dans son logis après s’être confié « en Jésus-Christ, son Dieu et Sauveur ». De nombreux protestants sont ensuite massacrés, surpris de nuit, « tués comme des brebis à l’abattoir » comme l’a écrit Théodore de Bèze.
Les rescapés sont rares : parmi eux, Rosny (le futur Sully, alors âgé de douze ans).
Les passions se déchaînent pendant au moins un mois. Le nombre des victimes est évalué à 4.000 à Paris, et jusqu’à 30.000 en France.
Le jour est devenu le symbole universel du fanatisme et des crimes de masse. Et du mal qui ronge l’humanité.
Responsabilités
Quelques allumettes ont suffi à mettre le feu à une immense poudrière. Nous en citerons les principales :
- Catherine de Médicis, mère du roi qui est jalouse de l’influence de Coligny sur son fils. Elle laisse faire ou encourage les Guise à exercer leur vendetta familiale.
- Le roi Charles IX se laisse convaincre, par faiblesse, qu’il ne peut sauver la couronne qu’au prix du massacre.
- Le savoir-faire d’une poignée de tueurs qui ont méticuleusement planifié le massacre. Cela fait quatre ans qu’ils ont repéré, interpellé et jeté en prison des protestants.
- La fureur incroyable qui s’empare des Parisiens fanatisés, apeurés, ou excités par des désirs de vengeance personnelle et de pillage.
- L’ambiguïté du pouvoir royal qui fait croire à certains qu’il faut suivre l’exemple venu d’en-haut.