J’aimerais aujourd’hui méditer avec vous sur la nature de la peur, sur ce que la peur produit en nous et sur ce qu’elle signifie. Que se passe-t-il quand nous avons peur, quand nous expérimentons la peur, quand elle s’abat sur nous et prend le contrôle de nos vies ?
Et, avant de répondre à cette question, j’aimerais vous proposer de vous imaginer en mer, sur un petit bateau. Et là, sans que vous y soyez préparés, le vent commence à souffler, le ciel à s’assombrir, la mer à s’agiter autour de vous et les vagues à prendre de la hauteur. Une tempête est là, elle s’abat sur vous et sur votre petite embarcation, sans que vous l’ayez vue venir. Et vous ne faites pas le poids… Un petit bateau face à une mer déchaînée. Un petit bateau qui peut être renversé ou englouti par n’importe quelle vague. Qu’allez-vous faire, qu’allez-vous devenir face à ce déferlement de puissance ? Vous ne le savez pas. Mais ce que vous savez, ce dont vous êtes certains et ce que vous ressentez intensément, c’est la peur.
Quelle est cette tempête qui s’abat sur votre petite embarcation ? Dans nos vies, il y a toutes sortes de tempêtes qui peuvent s’abattre sur nous, n’est-ce pas ? Elles sont toutes différentes et elles viennent rarement du même endroit. Elles nous prennent par surprise et, toujours, elles sont violentes… Il y a des tempêtes de doute, par exemple, ou des tempêtes de maladie, des tempêtes de chagrin, des tempêtes de tentation, des tempêtes de pauvreté, des tempêtes d’inquiétudes, des tempêtes de critiques que l’on reçoit en pleine figure…
Quelle est cette tempête qui s’abat sur vous et qui vous fait expérimenter la peur ? Choisissez-en une, et gardez-la avec vous pendant ce temps de prédication. Et, pour nous guider, pour nous accompagner dans notre barque et pour nous instruire, je vous invite à lire avec moi un passage de l’évangile selon Matthieu, au chapitre 8, à partir du verset 23 :
« Il monta dans le bateau, et ses disciples le suivirent. Alors survint sur la mer une tempête si forte que le bateau était recouvert par les vagues. Et lui, il dormait. Les disciples vinrent le réveiller, en disant : Seigneur, sauve-nous, nous sommes perdus ! Il leur dit : Pourquoi êtes-vous si peureux, gens de peu de foi ? Alors il se leva, rabroua les vents et la mer, et un grand calme se fit. Étonnés, ils se disaient : Quelle sorte d’homme est-il, celui-ci, que même les vents et la mer lui obéissent ? »
Prions
Suivre Jésus
Dans le passage que nous venons de lire, les disciples suivent Jésus dans un bateau (v. 23). Ils étaient ses disciples, et suivre, c’est ce que font des disciples. Être disciple de Jésus, ce n’est pas simplement penser à Jésus, parler de Jésus ou même lui faire des promesses. Ce n’est pas non plus vouloir le suivre. Dans le passage qui précède le récit que nous avons lu, d’ailleurs, deux hommes ont dit vouloir suivre Jésus, mais (en lisant entre les lignes) il semble bien qu’aucun d’eux ne l’ait fait : l’un a refusé d’abandonner son confort, et l’autre a refusé d’abandonner ses obligations familiales et sociales. Du coup, ils ne pouvaient pas véritablement être disciples. Ils ne pouvaient pas suivre Jésus partout où il irait. Ils étaient « retenus ».
Mais être disciple, c’est suivre Jésus, et c’est ce qu’ont fait les disciples dans notre passage. Ils sont montés avec lui dans le bateau. Ils ont accepté de quitter le rivage pour demeurer avec Jésus. Alors, ces disciples, je les imagine monter avec Jésus dans le bateau sans trop réfléchir. Après tout, tout se passait bien, jusque-là, à ses côtés. Jésus venait d’enseigner de façon puissante et convaincante ; il venait aussi de guérir des malades et les foules se pressaient pour être avec lui. Les disciples étaient bien avec lui, en confiance, sereins. Alors, ils sont montés dans le bateau.
Mais voilà, quand on suit Jésus, il faut s’attendre à traverser des tempêtes. À ce moment-là, la mer était calme et les disciples n’y ont pas réfléchi à deux fois. Ils sont montés dans le bateau parce qu’il est aisé de suivre Jésus quand la mer est calme. Mais quelle erreur de penser qu’avec Jésus, la mer est toujours calme, n’est-ce pas ? Il y a tellement de gens qui pensent, à tort, que suivre Jésus est la garantie de ne pas voir de tempête s’abattre sur eux. Mais non ! Un christianisme sans tempête, ça n’existe pas… Une relation à Jésus sans tempête, ça n’existe pas. Non, la foi n’est pas une assurance contre les tempêtes de la vie. Les tempêtes font partie de la vie. Le monde dans lequel nous vivons est un monde tempétueux, et nous n’avons aucune raison de croire que, parce que nous sommes chrétiens, ces tempêtes ne peuvent pas nous atteindre. Vous et moi, nous savons que ce n’est pas le cas. Certains, parmi nous...