Il y a bien longtemps, un touriste américain rendit visite à un rabbin en Pologne. Il était surpris de voir que sa maison était remplie de livres, mais qu’il n’avait pour meubles qu’une table, une chaise et un lit. Il demanda à son hôte : « Mais où sont passés vos meubles ? ». Le rabbin de lui répondre : « Et les vôtres ? » « Mais je ne suis qu’un visiteur, répondit-il, surpris de sa question, de surcroît je suis un étranger ici, je ne fais que passer ». « Moi de même » répondit le rabbin.
Le délai de l’espérance
La Bible nous dit en effet que nous ne sommes que des « étrangers et des voyageurs sur cette terre ». Autrement dit nous ne faisons que passer ici-bas. Le week-end de la Toussaint, où beaucoup se sont souvenus de leurs proches disparus, nous le rappelle à sa manière chaque année. Non seulement la Bible nous dit que nous ne faisons que passer, mais elle nous parle aussi souvent du retour du Seigneur. On dénombre plusieurs centaines de versets dans le Nouveau Testament consacrés à ce thème. Parmi eux, nombreux sont ceux qui insistent sur l’imminence de ce retour :
« La fin de toutes choses est proche » (1 Pi 4.10), « Petits enfants, c’est la dernière heure » (1 Jn 2.18).
Mais il y a d’autres passages dans la Bible qui nous avertissent d’un retard comme cette parabole dite des « dix vierges » proposée à notre méditation aujourd’hui dans Matthieu 25.
Jésus déclare ici que, bien qu’aimant son Église dont il est l’époux, il pourrait être très en retard pour le rendez-vous nuptial. Le délai sera d’ailleurs tel, qu’il viendra quand personne n’attendra plus vraiment sa venue. Car, vous l’aurez noté, dans la parabole toutes les vierges sont endormies au moment où l’époux arrive, les sages comme les insensées, les prudentes qui avaient fait leur réserve d’huile comme les imprudentes qui n’avaient aucune provision, toutes sans exception s’endorment !
Cette parabole nous invite donc à prendre ce retard au sérieux. Si Jésus vient bientôt, ce ne sera pas forcément pour tout de suite. À une époque où beaucoup parlent de la fin du monde, on entend même dire que ce serait pour 2012 (!), il est sans doute bon de considérer d’un peu plus près l’enseignement de Jésus au sujet de son retour. D’ailleurs l’information principale des chapitres 24 et 25 de Matthieu consacrés à ce thème du retour du Seigneur et qui entourent cette parabole, c’est de nous dire que le Fils de l’homme va partir pour longtemps et que, en dehors du Père, personne ne connaît le moment de son retour, pas même le Fils ! Et c’est précisément cette incertitude sur le moment de son retour qui devrait nous pousser à veiller :
« Veillez donc puisque vous ne savez ni le jour, ni l’heure » (v.13 qui ne fait que reprendre 24.42).
Ce retard dans la parabole, c’est le temps que nous vivons. Le temps de l’Église portée par l’espérance de son retour. Après tout, si nous sommes réunis ce matin, c’est bien parce que nous l’attendons et c’est dans cette attente que nous nous réunissons.
...
...