Texte de prédication : Les mémoires de Marthe, prédication narrative

Extrait Texte de prédication

La prédication narrative, du moins celle qui tente de donner vie à des scènes bibliques, est un genre dont l’intérêt principal est de mettre de la chair sur des personnages dont on oublie parfois qu’ils ont été des personnes, et ainsi de les rapprocher de nous, et avec eux le message de l’Évangile. Ce type de prédication peut être adapté à des cultes d’évangélisation.
Le texte qui suit est un monologue, ou plutôt la moitié d’un dialogue imaginaire entre Marthe et l’évangéliste Luc faisant son enquête...
Le personnage de Simon n’est pas inventé de toutes pièces : c’est Simon le lépreux de Marc 14.3 et de Matthieu 26.6 « Comme Jésus était à Béthanie dans la maison de Simon, le lépreux… », appelé aussi Simon le pharisien en Luc 7.36-50, chez qui Jésus a été oint par une femme. Plusieurs commentateurs émettent l’idée qu’il pourrait être le mari de Marthe.
Je n’ai pas voulu faire une reconstitution historique, d’où des anachronismes volontaires, d’ailleurs faciles à modifier : le vouvoiement, et les références à la ponctuation et aux chapitres (qui n’existaient pas encore au 1er siècle) ; ils ajoutent une note d’humour au récit et le rapprochent de notre univers, en même temps qu’ils mettent l’accent sur le sérieux de l’enquête de Luc qui recueille les « ipsissima verba » de Jésus... comme disaient les Romains !

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Texte de prédication : Les mémoires de Marthe, prédication narrative

Lecture : Luc 1. 1-4

- Voilà ! J’arrive ! Simon m’a dit que vous vouliez me voir ! Ah, vous voulez que je vous parle de Jésus ? Ah ! vous faites une enquête pour écrire une sorte de vie de Jésus ! Quelle bonne idée ! Mais vous savez que vous n’êtes pas le seul à l’avoir eue ! Écoutez, c’est vraiment une très bonne idée, mais je vous préviens tout de suite, je n'ai que vingt minutes à vous consacrer, je suis très très occupée, j'ai un repas à faire.

- Mais pourquoi n'avez-vous pas parlé à mon mari, à ma sœur ? Ah vous l'avez déjà fait ! Il me semblait bien ! Et Lazare ? Vous avez déjà interrogé notre frère Lazare ? Ah, ce serait intéressant pour vous ! Simon vous l’a peut-être dit, il est parti en direction du nord, vers la Grèce avec Jean, l’apôtre, le fils de Zébédée. J’ai cru comprendre que lui aussi, Jean, avait l’intention d’écrire sur Jésus. La dernière fois qu’on a vu Lazare par ici, il était passé pour ses affaires, il nous a dit que Jean attendait que les autres aient achevé leur travail, pour écrire lui aussi, de son point de vue, en complétant par ce qui n’aura pas été raconté !

- Rappelez-moi votre nom ? Ah oui, Luc, j'ai entendu parler de vous. Il paraît même que vous êtes médecin. Si j'osais, je vous parlerais de mon dos, mais vous n'êtes pas là pour ça, et d'ailleurs mon mari dit que c'est juste parce que j'en fais trop, je ne sais pas me reposer.

- Jésus, Jésus bien sûr, c'était notre maître, notre ami, et il l'est toujours d'ailleurs. Nous l'avons bien connu surtout vers la fin de son séjour parmi nous. Il venait souvent chez nous, c'était un ami de la maison. Béthanie, ce n'est pas loin de Jérusalem, moins de 3 km. Chez nous il était tranquille.

- Mais si vous avez parlé à Simon et à Marie, vous savez déjà tout. Qu'est-ce que vous voulez savoir au juste ? Vous voulez que je vous raconte tout, avec mes mots à moi, depuis le début ?

- Bon, un beau jour, des bruits commencent à courir qu'il y a un nouveau rabbi qui fait de nombreux miracles, là-haut en Galilée. Nous, on attendait bien le Messie comme tout le monde mais on avait notre vie, et pas trop de temps pour écouter les racontars, en tout cas pas moi. Ma sœur Marie, c'est un peu différent, vous avez peut-être remarqué, c'est une rêveuse, elle a tout le temps le nez en l'air.

- Et puis un jour, un jour terrible, Simon, mon mari, attrape la lèpre. Vous imaginez, l'horreur ! Il va se montrer au sacrificateur qui a été formel. C'était bien la lèpre ! Alors il n'y avait plus qu'une chose à faire, prier bien sûr, et courir après ce Jésus dont on disait qu'il guérissait les lépreux, rendait la vue aux aveugles et faisait courir les boiteux. Simon est donc parti pour la Galilée.

Les semaines ont passé, il ne revenait pas; j'étais chez nous à Béthanie, je m'occupais de la maison, comme d'habitude. À l'époque, mon frère et ma sœur habitaient avec nous et les enfants ; nous l'attendions tous. Et puis, un jour, je le vois revenir mon Simon, guéri, guéri, mais pas tout seul : il était à la tête de toute une troupe dans laquelle se trouvaient Jésus et une douzaine de ses disciples. Et Simon qui me dit avec l'air de ne pas y toucher : « Chérie, tu nous préparerais bien un petit repas ? » Il était midi moins deux... C'est là que j'ai vu Jésus pour la première fois. Bien sûr, c'était entre deux marmites, mais j'ai compris tout de suite que Simon, malgré tout, avait bien fait de nous le ramener. Je n'avais plus grand chose dans mes réserves. Je n'irais pas jusqu'à dire que Jésus a fait un miracle pour multiplier les pains et les poissons. J'ai appris plus tard qu'il l'avait fait ailleurs ; mais j'ai réussi à les nourrir convenablement. Mon honneur était sauf !

- Jésus avait donc guéri Simon. Mais il avait fait bien plus que le guérir de sa lèpre, car vous le savez aussi bien que moi, la pire lèpre, c'est celle qu'on a à l'âme, c'est le péché qui nous colle à la peau, qui nous pourrit la vie. Il lui a pardonné ses péchés. Il m’a pardonné mes péchés. Il m’a guérie de ma lèpre.

- J’ai oublié de vous dire qu’il s’est passé quelque chose de très important après ce premier repas. Quand Simon a découvert qu’il était lépreux et qu’il est parti chercher Jésus en Galilée, moi j’ai commencé à vivre dans l’angoisse que les enfants aient attrapé la lèpre de leur père, parce que Simon, c’est un papa câlin, il avait toujours l’un ou l’autre dans les bras, un bisou par-ci, un bisou par-là. Alors quand Jésus est arrivé avec Simon guéri, eh bien à la fin de ce premier repas, quand j’ai eu rangé mes marmites, j’ai pris Samuel et Myriam nos deux petitous, et je suis allée les apporter à Jésus. Ils n’avaient pas encore la lèpre mais on ne sait jamais ! Imaginez la scène, j’arrive avec mes deux petiots ; à ce moment-là, deux disciples de Jésus me voient arriver avec eux, ils se lèvent aussitôt pour m’empêcher d’atteindre Jésus. Et alors Jésus se lève, les pousse tous les deux fermement, attrape Samuel d’un côté et Myriam de l’autre et dit : « Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas, car le royaume est pour eux et pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point ! » Alors là, vous pouvez noter car c’est exactement ce qu’il a dit, mot pour mot ! Vous pensez bien que j’écoutais de toutes mes oreilles et j’ai repassé cette phrase dans ma tête pendant des jours, des mois, des années ! Je vous la dicte : « Laissez venir à moi les petits enfants et ne les en empêchez pas, (virgule) car le royaume est pour eux et pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, (quand Jésus commençait une phrase comme ça, il fallait ouvrir grand les oreilles) quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point ! » (point d’exclamation, fermez les guillemets).

- À partir de là, il est devenu notre ami ; ami autant que le Sauveur pouvait être ami avec des pécheurs comme nous ! Pensez donc, il avait guéri Simon de la lèpre, il avait béni nos enfants, il avait pardonné nos péchés. La porte lui était toujours ouverte ! Il restait des heures, assis là à nous enseigner. Et les gens qui venaient l’écouter disaient : Mais qui est-il pour pardonner les péchés ? Bonne question !

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