Dans l’article que nous proposons, nous évoquerons ce que représente l’acte pastoral des obsèques. Il est important donc de préciser qu’il ne s’agit pas d’évoquer ce que représente l’accompagnement d’une personne malade jusqu'à son décès.
Il est question de traiter de la préparation et de la réalisation du service funèbre. Le but principal de cette réflexion consiste d’une part à cerner les diverses questions à se poser en apportant des éléments concrets sur la manière de faire et d’autre part à prendre conscience des choix que nous pouvons faire et d’analyser s’ils sont judicieux.
Comment se vit le début de la tâche à accomplir
La situation
Une personne est décédée à l’hôpital ou chez elle. Le médecin est venu et a délivré un acte de décès. Le médecin est appelé, lequel contacte la police et les pompes funèbres. Les pompes funèbres viennent chercher les corps ou l’embaumer sur place. Après un décès la famille a 24 heures pour décider quelle compagnie de pompes funèbres fera le service.
Quelques remarques : il existe plusieurs compagnies de pompes funèbres nationales ou régionales. Ces compagnies n’offrent pas toutes les mêmes services. C’est le cas pour l’incinération. Dans le but d’aider des personnes sans connaissance des démarches à accomplir, il est important de savoir qu’il peut exister des services funèbres gratuits proposés par la mairie.
Ce n’est qu’après ce début et lorsque la famille s’entretient avec les pompes funèbres que le service religieux est pensé. Il arrive fréquemment que le pasteur ; s’il ne connaît pas la famille, soit directement appelé par les pompes funèbres. Il s’agit de fixer le jour et l’heure.
Fréquemment, si la famille est présente, le secrétaire passe la famille au téléphone. Il faut dire quelques paroles tout de suite. Essayez le plus vite possible de repérer les membres de famille.
Dans le cas où le pasteur ne serait pas directement en contact avec la famille, et, si elle n’est pas connue, il est bon de réserver sa réponse pour savoir s’il s’agit de personnes d’une autre Église.
La préparation
Une question peut se poser : Peut-on refuser des obsèques ?
Personnellement je ne l’ai jamais fait, même lorsque je sentais une demande presque de type administratif ou « pour la forme ! ». Pensons au fait qu’il y a toujours quelqu’un qui souffre et qui a besoin de consolation et du témoignage chrétien. Cette motivation me suffisait pour accepter la responsabilité de conduire le service.
Une visite à la famille est indispensable, autant que possible ! Elle aura pour but de faire meilleure connaissance et de savoir si le défunt a laissé des demandes particulières. Si vous connaissiez la personne, peut-être vous a-t-elle laissé des éléments pour le service ? (Cela peut arriver au cours d’une visite parfois plusieurs années avant décès de la personne. Pensez à classer le document pour le retrouver le moment venu !)
L’organisation du service devra ce mettre en place rapidement. Si les circonstances de la mort sont évoquées, il est préférable de choisir la discrétion et de ne pas demander plus d'information que n'en donne la famille. Des paroles ou des événements sont peut-être à ne pas dévoiler aux enfants, même s’ils sont grands !
Sans fleur ni couronne ! Cette expression est fréquemment employée, et inscrite sur le faire-part de décès. Elle apparaît lorsque la famille choisit de ne pas avoir de décorations pompeuses. Elle choisit la sobriété. Si, en théorie, le choix a toutes ses raisons d’être, la réalité est par contre beaucoup plus difficile à vivre. Le fait de voir un cercueil sans un rappel de la vie autour, a pour conséquence de faire apparaître la mort dans toute son aridité. Il est possible lors de la préparation d’en parler à la famille.
La famille dira s’il est prévu ou non des condoléances officielles. Parfois si des notables de la ville sont présents ces condoléances peuvent être organisées.
La levée du corps.
Il s’agit du moment de la fermeture du cercueil. Elle peut avoir lieu dans la famille ou dans une maison funéraire. Elle a lieu le même jour que les obsèques le plus souvent. Une cérémonie n’est pas indispensable, puisque la famille est déjà sollicitée pour la cérémonie à l’église et au cimetière.
La famille peut toutefois demander votre présence pour une raison précise. Par exemple, elle peut vous demander de déposer une bible ou un objet dans le cercueil.
Le service
Le service doit être court. Il est bon de penser que certaines personnes, surtout s’il y a beaucoup de peine, peuvent être temporairement sous l’effet de médicament.
• Comment parler du défunt ?
Un témoignage est possible. Il est important de veiller à ce qui sera dit et à la longueur de l’intervention. Il est en ce cas préférable de demander à la famille de choisir quelqu’un selon ces critères. Il est important de savoir à qui vous parlez et de qui vous parlez.
• Un témoignage de ma manière de faire :
- lorsqu’il s’agit des obsèques d’une personne qui ne semble pas avoir vécu dans la foi, je choisis de dire l’évangile en remettant à Dieu l’évaluation de « nos oeuvres », et de la qualité de l’appartenance à Dieu. Le texte de Matthieu 25, sans être interprété comme une ouverture du salut sans Christ, permet toutefois de dire que Dieu n’oublie pas ce qui a été accompli par générosité.
- en règle générale, je ne me prononce pas à propos du salut de celui qui est parti. Pendant le service. C’est plutôt lors d’entretien plus personnel que j’aborde la question en privé avec la famille. Je choisis de montrer l’importance de la question de la mort pour tout homme.
• Personnalisez le plus possible la cérémonie et ne soyez pas compliqué dans le message et les lectures. Les personnes vont surtout mesurer votre charité. Peut-être attendait-il « un fonctionnaire » ? Qu’elles trouvent une personne humaine qui les entoure !
Si vous choisissez avec la famille qu’il y ait des interventions pendant la cérémonie, il est très important connaître le nom et la situation par rapport à la famille de l'intervenant. À défaut de connaître le contenu de l’intervention pouvez-vous savoir quel sera le thème ou le style (poème, chant, lecture, rappel de la vie du défunt ?, etc.). L’improvisation est souvent peu sûre. Il se peut que quelqu’un vous suggère au dernier moment de « dire quelque chose », il est important avant de lui répondre de demander à la famille proche ce qu’elle en pense.
Si vous voyez des personnes très en pleurs, elles seront sans doute entourées pendant la cérémonie, mais selon comme les choses se passent, peut-être des personnes devront sortir. Ne pensez pas forcément que c’est à cause de vos paroles !
Je suis dans ce cas pour l’authenticité de l’événement ! Nous ne nous livrons pas à une mascarade. Nous pouvons tenir compte de ce qui se passe et dire un mot sur la peine vécue. Peut-être est-il nécessaire de conclure le message et donner une autre parole plus personnelle et plus « incarnée » ?
La musique
Nous oublions que l’expression musicale est un moment où les sentiments se libèrent plus facilement. Sauf si les personnes demandent beaucoup de musique ou de chants il vaut mieux être sobre. Le pompeux dans ce domaine peut devenir émotionnellement insupportable !
Il convient de veiller à la longueur du morceau de musique d’entrée. Au sujet des chants d’assemblée, si l’entreprise n’est pas sûre, il vaut mieux passer un disque (à déclarer à la Sacem normalement !).
• Souvenons-nous que des personnes ne peuvent rester debout. Il est nécessaire de nous souvenir de leur fatigue, il est préférable d’éviter de faire lever les personnes pour chanter.
Le contenu du message
Le contenu du message est très délicat, si la personne décédée était « un peu protestante » .
Dieu garde trace de nos oeuvres. Il est possible de prendre exemple sur ce que la personne a montré durant sa vie, et qui constitue un encouragement voire un modèle à suivre. Ceci peut permettre une approche de l'Écriture incarnée dans le moment présent.
S’il s’agit des obsèques d’une personne chrétienne, la difficulté n’est pas moindre. La tentation est forte de « gommer » la souffrance des proches en exaltant le ciel et la rencontre du défunt avec Dieu. Si des vérités évangéliques sont à rappeler, il n'est pas sain de s’appesantir sur la beauté du ciel où vivent maintenant les bienheureux. Prenons bien conscience que les personnes auxquelles vous parlez ne sont sans doute pas dans l’état de béatitude que peut vivre une personne extérieure à la peine vécue. Même si la famille confesse une foi chrétienne solide, et dit du défunt : « Nous avons où il (elle) est ! », restez toujours à l’écoute de ce que vivent les personnes, la séparation est toujours lourde.
Il est important de dire sans triomphalisme ce que représente la consolation du Seigneur. La réponse souvent attendue aux « pourquoi ? » se trouve dans la présence du Seigneur. Sans doute nous sera-t-il difficile de bien le dire.
Les plus jeunes : souvent un peu oublié dans notre message les petits enfants qui enterrent les grands-parents sont dans une peine immense. Ils vivent un déchirement toujours très important sur le plan affectif. Il est essentiel dans nos propos de prendre en compte la dimension psychologique. Par exemple, le discours qui consiste à mettre sur les épaules des enfants (jeunes ou adolescents) la responsabilité du flambeau que portaient les parents chrétiens (ou grands-parents) peut avoir des conséquences beaucoup plus négatives que nous l’aurions pensé. Car, des adolescents peuvent ne pas beaucoup pleurer après le décès d’un parent mais la destruction peut-être très profonde dans le domaine psychologique. L’identité, l’image parentale, va subir un manque dans sa formation mentale !
Adressez directement à la famille proche un mot qui vient de vous. Qu’il s’agisse de votre prière, d’un mot d’encouragement, votre sentiment aura beaucoup d’importance.
Remarque : l’ordre de la cérémonie peut être interverti
Il est possible de commencer par la prière au cimetière ou sur le lieu de l’incinération et de poursuivre la cérémonie à l’église. Si des avantages sont réels dans cette manière de faire, cet ordre reste assez « inhabituel ». Il permet plus de convivialité, moins de tension par la présence du défunt, le fait de pouvoir passer un moment dans de meilleures conditions avec la famille.
L’habitude est souvent le refuge qui « dé-stresse » les personnes endeuillées. Elle ne peut être bousculée sans une réelle compréhension des motivations. Aussi est-il important si vous le proposez d’être sûr que la famille l’accepte de plein gré, et non pour vous faire plaisir. Il faut éviter que les personnes vivent des angoisses supplémentaires ou des tensions avec leurs proches en tentant de convaincre la famille que le changement est meilleur. À nous de veiller à ne pas « jouer les gros bras » et de changer artificiellement les choses.
Service au cimetière : quelques éléments pratiques
• Autant que possible, accompagnez la famille au cimetière ou au crématorium.
• Parfois les incinérations se font la demi-journée suivante, c’est plus difficile d’être présent et souvent la famille ne vous le demande pas. À vous d’évaluer si c’est par condescendance ou vraiment parce que c’est leur souhait profond !
• Pensez au trajet à faire à pied. N’hésitez pas à demander si une voiture peut accompagner les plus proches ou personnes âgées (si personne n’y a pensé).
• Le service doit être court à cause des problèmes éventuels de météo, des problèmes pour la portée de la voix, de distraction de l’assemblée. (Les personnes sont très peu concentrées pour écouter).
Il est préférable de se tenir devant avec le veuf ou la veuve ou la famille très proche. (C’est une bonne « stratégie » pour avoir des indications ou poser des questions le moment venu.) C’est surtout, pour pourvoir consoler tout de suite par un mot ou un regard. Trop souvent « l’ecclésiastique de service » par pudeur ou hélas pas habitude se tient à l’écart. Pensez que c’est après le service que votre présence est la plus importante.
- L’Inhumation : il est demandé par les pompes funèbres si le corps doit être inhumé ou non pour la prière. Il est préférable de procéder à la prière avant l’inhumation.
En effet, le moment de l’inhumation est terriblement douloureux pour la famille. Il faut reconnaître que l’événement est exceptionnel. Une personne qui a toujours été debout est maintenant « sous les pieds ! » et « dans la terre ». Cette double réalité est complètement à l’opposé de toute attente humaine. Les familles sont très peu réceptives à ce moment-là, et elles peuvent vivre des mouvements de révolte. Il y a bien peu à dire à ce moment-là ! Il arrive que les personnes s’en excusent plus tard !
• Faut-il verser de la terre ou poser des fleurs ?
Laisser faire la famille ou les pompes funèbres, et ne soyez pas trop crispé sur la symbolique de ce geste. Dans les services protestants nous avons très peu de gestes à proposer comme repères (il n’y a pas l’encensement du corps) aussi, quelques gestes symboliques d’un au revoir ont leur place. Ils sont souvent chargés de beaucoup de sens et d’émotions.
- L’incinération : fréquemment l’incinération est demandée.
Sur le plan théologique le texte de 1 Corinthiens 15 apporte des réponses au problème posé par le fait de la disparition du corps. Le corps retourne à la poussière et la résurrection n’est pas, comme cela a été pensé pendant des siècles, un retour à la vie terrestre avec un corps terrestre. Il important de saisir les raisons profondes du choix de la famille. Par exemple, est-il question dans ce choix de tout faire pour ne pas entendre parler de résurrection et à cause de cela de tout faire disparaître pour l’éviter ?
La question soulevée est le plus souvent d’ordre pratique. Une fois l’incinération réalisée, les personnes reçoivent une urne qu’elles peuvent garder chez elles ou déposer dans une tombe déjà existante pour la famille.
Cette pratique se lie bien peu avec l’habitude des ensevelissements. Aussi est-il préférable de suggérer, qu’un petit nombre de personnes proches du défunt avec le pasteur se rendent au cimetière pour déposer l’urne. Il peut ensuite être proposé qu’une cérémonie de commémoration soit organisée pour tous à l’église.
Après les obsèques
Si la famille vous invite à une collation il est préférable d’être présent. C’est un temps où revient la vie, où la famille, où les amis parlent « d’autre chose » ! Sans oublier la raison de notre présence c’est aussi l’occasion de réconforter, de montrer notre affection, et d’aider à la reconstruction des personnes.
Si les personnes ne sont pas dans l’Église surtout, contactez-les discrètement par un mot qui l’assure de votre prière, et soyez disponible pour encourager.
Le deuil est souvent très lourd après trois mois voire six mois. Pour un conjoint, une épouse l’absence est catastrophique. C’est souvent dans ces moments, que les personnes ont besoin d’une présence, surtout si elles ne participent pas à la vie de l’Église. N’oublions pas non plus que bien des membres de l’Église peuvent aussi se sentir abandonnés après la chaleur des premières consolations. Les premiers amis sont partis depuis longtemps, que reste-t-il à celui ou celle qui vit ?
Points d’organisation
Quelques points de repères et de conseils pratiques :
(La présentation sous forme de liste est pour nous aider à ne pas les oublier le moment venu.)
• Il n’est pas impossible, compte tenu de notre contexte religieux, que vous ayez à assurer un service dans une église catholique. Il est important de voir les lieux et de se renseigner sur la manière dont « les choses se passent habituellement ». En effet, les personnes qui viendront ainsi que les pompes funèbres ont l’habitude de certaines pratiques.
• Si le service a lieu au temple il est nécessaire de prévoir éventuellement un retard à cause de la fermeture du cercueil en présence de la police avant que le corps ne sorte de la morgue ou de l’Athanée (maison funéraire). Arrivez assez à l’avance pour accueillir et prévoyez de rester après.
• Dans votre organisation de journée ne prenez pas de rendez-vous après des obsèques. Pour des souffrants le temps s’est arrêté. C’est « le pire » de devoir vous enfuir ! Montrez que vous avez du temps pour les gens ! Ne choquez pas, ni par la tenue vestimentaire ni par les propos ou votre incapacité à saisir tout ce qui se passe. Arrangez-vous, si vous faites le service dans l’église, pour avoir avec vous quelqu’un de l’Église - ce n’est pas facile, c’est souvent en semaine - pour fermer les portes ou bien aider à faire entrer les participants.
• Voyez s’il est utile de monter en chaire. Selon le nombre, il est possible que vous ayez à choisir presque au dernier moment, soyez prêt.
• Prévoyez quelques textes en plus en cas d’attente.
• Si vous choisissez que le cercueil entre dans l’église, il faut décider s’il entre avant ou après l’assemblée et si les gens se lèvent.
• Pour la fin du service, il faut bien s’organiser avec l’équipe des pompes funèbres qui doit venir reprendre le cercueil. Il est important, pour éviter des silences non prévus, qu’elle connaisse le moment prévu pour entrer.
• Le rapport à l’argent. La participation financière peut être fixée par les pompes funèbres ou par la famille. Il vaut mieux éviter une collecte au moment du service. Il se peut que la famille propose un don pour une œuvre humanitaire ou autre.
Attitude
Il est important de cerner ce que la famille attend du pasteur. Elle est dans un état de traumatisme plus ou moins important.
Le pasteur (ou la personne qui est proche pour le service) est appelé à la consolation, à être proche. Il s’agit d’être à la disposition de ceux qui souffrent, sans exploitation de leur peine et sans chercher quelque récupération pour « placer » son message ! La famille attend dans ces moments une présence qui rehausse, qui élève, qui redonne espoir.
Différentes croyances peuvent se croiser au moment des obsèques. Il est préférable de rester dans une attitude de souplesse. Cela est requis pour deux raisons. Tout d’abord le temps est court pour apporter des explications théologiques et ensuite parce que les personnes ne sont peut-être pas bien réceptives aux différentes nuances à apporter à la définition de la foi.
Des visites après le moment des obsèques peuvent permettre de passer du temps à retravailler certaines questions.
La prière pour les morts
Dans notre pays l’habitude de la prière pour les morts est fréquente et ancrée ! Ce serait ne pas avoir aimé le défunt que de ne pas prier pour lui, pour que Dieu ait pitié de lui. Le service protestant n’offre pas cette ouverture. Nous savons que bibliquement les raisons d’une telle pratique sont faibles voire inexistantes. Mais ! Nous avons à côté de nous des personnes qui souffrent et qui vivent avec leur « capital spirituel ».
Si notre position théologique nous rassure et sans doute est posée clairement dans notre esprit, il n’en est peut-être pas de même pour les personnes que nous accompagnons. Nous sommes plus confrontés à une pastorale qu’à une position théologique à défendre.
Elles ont pu écouter les paroles du message et tous les mots d’encouragement de votre part, peut-être les avoir acquiescées, et pourtant rester encore « vides ». Il existe des situations limites où les membres de la famille élèvent une prière ou une parole pour le défunt et son salut. Il s’agit plus d’une prière qui vient du cœur qui déborde plus que d’une déclaration liturgique et théologique. Cette prière « pour le mort » peut parfois apparaître plusieurs jours après. Soyons surtout sensibles aux valeurs posées par une personne qui vit le désarroi. Nous avons la tâche de l’amener doucement à une véritable consolation par la foi. Il s'agit de penser à la place que nous laissons à la souffrance de celui « qui reste ».