Le pasteur et ses priorités - Conjuguer ses engagements familiaux et ministériels

Extrait Ministère pastoral
En prise avec une charge exigeant une disponibilité importante, souvent inverse aux rythmes familiaux ordinaires, et des attentes parfois sans limites de la part de la communauté que le pasteur s’est promis de servir, le ministre demeure, lorsqu’il est marié, un époux et un parent. C’est à la fois le privilège du pasteur protestant, et le défi permanent avec lequel il doit composer. Au regard de ses engagements familiaux et ministériels, comment le pasteur doit-il gérer sa vie pour demeurer un modèle inspirant pour ses enfants et ses paroissiens ? Comment hiérarchiser concrètement les demandes, et arbitrer les besoins avec souplesse et discernement ? Le pasteur Luigi Davi propose ici un certain nombre de pistes pratiques pour relever ce défi dans la durée.

Abonnement aux Cahiers de l'École pastorale

Je m'abonne

Famille Si je vous demandais d’établir le classement des priorités d’un pasteur par ordre décroissant, à quoi ressemblerait-il ?

Nous n’avons malheureusement pas le temps de faire l’exercice ensemble. J’ai donc extrapolé un classement à partir de résultats que j’ai obtenus dans d’autres circonstances. Ce classement pourrait ressembler à ceci :

1. Dieu – Je pense que beaucoup, sinon tous, auraient mis Dieu à la première place puisque la Bible nous commande de l’aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre pensée, et de toute notre force.

2. La famille – Le conjoint en premier et les enfants ensuite. Car ceux qui ont une famille se sont engagés un jour devant Dieu envers leur conjoint et leurs futurs enfants. Et puis, comme le dit l’apôtre Paul, comment pourrions-nous prendre soin de l’Église si nous ne prenons pas soin de notre famille ?

3. Le travail – De nombreux pasteurs exercent un métier séculier (en plus du pastorat) pour subvenir aux besoins de leur famille. Qu’on le veuille ou non, les directives patronales sont prioritaires sur le ministère pastoral qui est souvent exercé bénévolement.

4. Le travail / le ministère / l’Église – Trois domaines qui se confondent dans le cas des pasteurs engagés par leur Église à temps plein. Pour rappel, les priorités relatives au ministère pastoral sont généralement précisées dans ce qu’on appelle quelques fois le « cahier des charges » établi avec le Conseil d’Église au moment de l’engagement du pasteur. Celui-ci détaille toutes les tâches pastorales (et elles sont nombreuses) qui vont de la prédication dominicale à la représentation de la communauté auprès des pouvoirs publics.

Le problème c’est que, face à un nombre si élevé de tâches, le pasteur établit l’ordre de ses priorités pendant que chaque chrétien de son Église imagine en silence qu’il suit un autre ordre de priorité ! C’est ce qui a donné naissance à des textes humoristiques comme celui-ci :

  • « Mon pasteur est parfait. Il prêche exactement 20 minutes. Il arrive à condamner le péché, sans heurter les sentiments de personne.
  • Il travaille à l’église de 7 h à 23 h dans tous types de travaux qui vont de la préparation de la prédication à la conciergerie. Il gagne le SMIC, mais est toujours bien habillé et s’achète de bons livres régulièrement. Il a une jolie famille, conduit une bonne voiture et donne 150 euros par semaine en offrande à l’Église. Bien entendu, il contribue également à chaque bonne œuvre qui se présente à lui.
  • Il a 26 ans et prêche depuis 30 ans. Il est grand et petit, mince et corpulent, beau en somme. Il a un œil brun et l’autre bleu ; la ligne au milieu ; il a des cheveux noirs et droits du côté gauche et des cheveux bruns et ondulés du côté droit.
  • Il a un désir brûlant de travailler avec les adolescents et donc passe tout son temps avec les personnes âgées. Il est très sérieux, mais souriant, car il a un sens de l’humour qui le maintient sérieusement concentré sur son travail.
  • Il passe 15 appels par jour à ses paroissiens, évangélise et fait des visites à longueur de journée, tout en restant joignable à tout instant de jour comme de nuit. »

À vos réactions, je constate qu’il y a parmi vous des personnes qui seraient intéressées de faire sa connaissance… Malheureusement, j’ai oublié de noter ses coordonnées !

5. « Les amis – Nous savons tous que, sans vie sociale, nous dépéririons (et les confinements répétés que nous avons vécus nous l’ont rappelé). Car nous avons besoin de partager, d’échanger, d’apporter et de recevoir du soutien, etc.

6. Les loisirs – Nous avons également besoin de nous détendre, car le ministère pastoral peut se révéler très stressant. Il est donc indispensable de lutter contre le stress qui peut aisément nous miner psychologiquement et physiquement.

7. Moi ! – Mes besoins, mes plaisirs, mes envies… »

Permettez-moi de reconsidérer le point 4 (travail/ministère/Église). Car l’un des problèmes qui apparaît dans ce type de listes, c’est que ce point 4 a tendance à se confondre avec le point 1. C’est ainsi que Dieu, le travail, le ministère et l’Église se retrouvent, sans que le pasteur ne s’en rende compte, sur le même niveau de priorité : le premier niveau !

Cependant, le défaut principal de ce classement de priorité linéaire est qu’il est théorique, puisqu’il correspond ...

Auteurs
Luigi DAVI

L'accès au reste de cet article est protégé.

Achetez cet article pour le lire en intégralité ou le télécharger en PDF.

Recevez ce numéro
au format papier

7 €

J'achète ce numéro

Téléchargez ce numéro
au format ePub et PDF

5 €

J'achète ce numéro

Abonnement aux Cahiers de l'École pastorale

Je m'abonne

Vous aimerez aussi

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail nous permet :

  • de vous reconnaitre et ainsi valider automatiquement vos commentaires après 3 validations manuelles consécutives par nos modérateurs,
  • d'utiliser le service gratuit gravatar qui associe une image de profil de votre choix à votre adresse e-mail sur de nombreux sites Internet.

Créez un compte gratuitement et trouvez plus d'information sur fr.gravatar.com

Chargement en cours ...