L’histoire est remplie d’exemples d’hommes et de femmes qui ont pu accomplir de grandes choses pour Dieu. Or tous ces grands leaders avaient en commun une arme puissante capable de changer le monde, à savoir une vision donnée par Dieu.
Comment ne pas penser à l’exemple du discours célèbre de Martin Luther King : « I have a dream » ?
« Je rêve qu’un jour, cette nation se lèvera et vivra la vrai signification de sa croyance : "Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux.
Je rêve qu’un jour, sur les collines de terre rouge de la Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Je rêve qu’un jour mes quatre enfants habiteront un jour une nation où ils seront jugés non pas par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur caractère »(1).
Ce rêve, c’était sa vision, source d’inspiration et ligne directrice de son action pour les libertés civiles que l’on connait.
Lorsque Dieu nous donne un rêve et que nous nous sentons portés et particulièrement inspirés, qui sait réellement ce qui peut arriver ? La vision est l’énergie qui permet aux leaders de continuer, c’est cette force qui leur permet de se mettre en œuvre, qui crée l’action et qui enflamme passionnément ceux qui les suivent.
Il serait donc vraiment difficile de séparer le leadership de la vision. Car tout bon leader est guidé par une vision et refuse le statu quo. Une vie portée par une vision est une vie qui va de l’avant et qui se trouve d’ores et déjà en route vers sa destinée.
Vers une définition
Emprunté au langage anglo-saxon, le mot « vision » est étroitement lié au leadership. Qu’est-ce qu’une vision, dans ce contexte précis ? George Barna en donne la définition suivante :
« La vision pour le ministère est une image mentale claire d’un futur préférable communiqué par Dieu à ses serviteurs qu’il a choisis. Elle est fondée sur une compréhension précise de Dieu, de soi et des circonstances ».
Ce n’est qu’une définition. En voici quelques autres :
« La vision est une peinture claire et stimulante du futur d’un ministère tel que son leadership croit qu’il peut et devrait être » (Audrey Malphurs).
« Avoir une vision, c’est d’entrevoir comment le futur sera particulièrement meilleur à cause de changements spécifiques » (Joseph Boyett).
La Bible parle également de vision. « Écris la vision, grave-la sur les tablettes, de sorte qu’on puisse la lire clairement » (Habacuc 2.2).
À la lumière des citations précédentes, nous pourrions définir la vision sous sa forme la plus rudimentaire comme étant « l’image du futur suscitant en nous une passion qui nous pousse à la réaliser ». Par une vision, selon la Bible, Dieu nous révèle l’avenir en nous montrant comment les choses pourraient ou devraient se dérouler.
C’est cette image du futur qui fait battre le cœur des responsables et met leurs pensées en ébullition afin qu’ils mettent tout en œuvre pour l’accomplir.
Ainsi une vision claire nous donne à la fois une raison d’avancer et un but vers lequel courir. La vision devrait directement découler de la révélation que nous avons du Christ et de sa cause.
Sans ce processus de révélation, le peuple périt, nous rappelle le livre des Proverbes 29.18.
Or, quand Dieu clarifie la vision dans le cœur des responsables, les choses commencent à changer. La vision peut résulter de la lecture de la Bible ou encore être le fruit d’un témoignage que nous avons entendu d’une vie transformée. Elle peut également être l’expression d’un fardeau que nous portons pour notre ville, ou encore une forme d’injustice existante dans notre pays. Toujours est-il que lorsque nous orientons nos vies dans le sens de la vision que Dieu a mise dans nos cœurs, nos vies prennent une orientation ou direction beaucoup plus claires.
Sans aucune hésitation, la vision est ce qui donne aux responsables l’envie de s’engager et qui leur fait dire : « Je pense que je peux consacrer ma vie à cela, je pense que c’est la raison pour laquelle je suis né ! » Comme si d’un coup nous avions une révélation ou une intuition que notre destinée est en jeu et que désormais tous les projets que nous allons mettre en œuvre viseront à l’atteindre.
Ceci explique qu’une vision peut être perçue comme une épiphanie qui se déclenche tout à coup.
Souvent les responsables voient clairement la vision que Dieu leur donne. Rappelons-nous que la vision est une image du futur qui produit en nous la passion nous donnant ainsi cette énergie pour l’accomplir. Ce niveau de puissance et d’énergie doit être expérimenté afin que la vision soit pleinement comprise et appliquée.
Il serait prudent de ne pas confondre la vision avec l’ordre de mission de Jésus en Matthieu 28, 19-20. Ce dernier interpelle notre obéissance quant à «annoncer l’Évangile et faire des disciples » alors que la vision apporte un éclairage stratégique pour atteindre cet objectif dans un contexte donné.
La vision cherche à définir un but atteignable pour le futur et peut revêtir plusieurs facettes, à savoir entre autres : Où voulons-nous aller en tant qu’Église ? Que croyons-nous de ce que le Seigneur désire que nous devenions ? Quand voulons-nous y parvenir ?
Quelques exemples
Toute vision s’inscrit dans un contexte selon différents critères, tels que le lieu et le temps, sans négliger l’aspect socioculturel où nous sommes appelés.
C’est ainsi qu’à titre d’exemple, le Révérend Martin Luther King dans un contexte de discrimination raciale est devenu le défenseur des opprimés. Cette soudaine prise de conscience a déterminé le Révérend à mettre en œuvre différentes stratégies non violentes pour que son rêve ou sa vision devienne réalité. À travers son combat, Martin Luther King a donné un nouveau sens à l’histoire et à la civilisation et il ne fait aucun doute qu’il y ait eu des répercussions sur la communauté chrétienne. La vision d’un leader s’inscrit donc dans un contexte précis et doit interpeller ceux qui le suivent.
Sur un registre purement biblique, l’exemple de la vie de Joseph nous dévoile comment sa vision prit place dans sa destinée. Du moins les conclusions tirées de son expérience révèlent un niveau de discernement et de compréhension hors pair. Ainsi déclare-t-il à ses frères : « Ce n’est donc pas vous qui m’avez envoyé ici, mais Dieu ; il m’a établi père de Pharaon, maître de toute sa maison, et gouverneur de tout le pays d’Égypte » (Genèse 45,8). Puis il rajoute : « Vous aviez médité de me faire du mal : mais Dieu l’a changé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux » (Genèse 50,20).
Joseph savait que c’était Dieu qui avait conduit les promesses prophétiques qu’il avait reçues à leur accomplissement et qui avait mené sa destinée. En effet, c’est par l’intermédiaire de Joseph que les promesses que Dieu avait faites à Abraham au sujet de sa descendance furent préservées et restaurées.
Le livre des Nombres nous raconte l’histoire du peuple d’Israël qui, sous la conduite de Moïse, se mit en marche pour la terre promise. Toutefois, cela ne fut que sept siècles après la promesse de Dieu faite à Abraham qu’Israël allait être en mesure de voir celle-ci se réaliser. Tout cela grâce à des hommes et des femmes qui ont agi fidèlement selon les paroles de l’Éternel, et qui ont suivi les traces de leurs prédécesseurs. L’accomplissement des promesses s’inscrit dans le temps et dans des contextes donnés et il en est de même pour nous aujourd’hui qui œuvrons pour le royaume de Dieu.
Une vision s’inscrit dans le temps
Ces histoires ont le mérite de souligner l’importance de la vision qui nous porte, mais aussi de réaliser que nous l’inscrivons également dans le temps. Ce dernier point est capital car on ne saurait s’en affranchir et il faut savoir qu’à un moment donné la vision demeure avec ou sans nous.
Walt Disney avait des plans incroyables pour construire un parc à thèmes qu’il voulait appeler Disney Land, mais il mourut alors que les plans n’étaient encore que sur le papier.
Plus tard quand Disney Land fut inauguré, un de ses administrateurs déclara à la veuve de Disney : « J’aurais aimé que Walt ait pu voir ceci ».
Elle répondit : « Il l’a vu… »
Bien sûr la situation idéale est celle qui nous permet de la voir se réaliser durant notre génération, c’est pourquoi nous conseillons de ne pas fixer des délais trop longs quant à nos objectifs car ils pourraient être source de découragement. Toutefois, une question s’impose : avons-nous une vision pour l’Église ?
Un bon exercice serait de fermer nos yeux un instant et d’imaginer le futur de l’Église. Projetons-nous dans cinq ans et supposons que nous soyons au fond de la salle de culte un dimanche matin. Regardons autour de nous : qui voyons-nous et que voyons-nous ?
Si nous voyons grosso modo les mêmes personnes aux mêmes places, nous manquons de vision.
Tout responsable devrait éviter cet état d’esprit car cela peut arrêter la progression de l’Église.
Assumer sa vision
N’oublions pas ceci : si Dieu nous a donné une vision du royaume, si nous la voyons clairement et la sentons profondément ancrée en nous, alors nous aurions tout intérêt à la prendre au sérieux. Il vaudrait mieux lui consacrer sa vie et c’est la raison pour laquelle Dieu a fait de nous des leaders. C’est en somme notre raison de vivre et nous ne pourrons réellement nous épanouir en dehors de celle-ci. C’est là notre appel et ce pourquoi Dieu nous demandera des comptes un jour.
L’exemple du prophète Daniel est significatif lorsqu’il comprit que sa destinée était en jeu en réalisant que le temps de déportation annoncé par le prophète Jérémie était à son terme. Ainsi il s’inscrivit dans la continuité d’une vision pour le peuple d’Israël.
Encore une fois, nous soulignons que la vision donnée à un leader a une étendue plus large car elle affecte l’ensemble du peuple de Dieu. Les responsables ne sont donc pas les seuls à devoir être enthousiastes par la passion de leurs visions. La vision est contagieuse et le leader doit transmettre ce feu qui brûle en lui à ceux qui le suivent ou l’entourent.
L’étape suivante consiste donc à être responsable de sa vision, à l’assumer, à l’intégrer pleinement.
Assumer et vivre sa vision consiste également à la communiquer. D’où l’importance de l’incarner pleinement, d’en parler aux autres personnellement et de la rendre publique.
Dans le contexte de la communication, il est important de bien clarifier la vision en se fixant sur l’essentiel qui doit être retenu. Quel que soit le nom que vous lui donnez, objectif, mission… il faut que la vision soit le plus simplement présentée, de telle sorte que chacun puisse en retenir le but en disant par exemple : « Je connais le principal ». Autrement, les gens peuvent rester dans la confusion, si on décortique trop les choses, sans jamais retenir l’essentiel.
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