Comment sensibiliser les frères et sœurs de nos assemblées à la mission ? Par des études bibliques ? Des prédications passionnées ? Un culte missionnaire de temps à autre ? Des soirées d’information avec un invité qui nous parle de son ministère à l’autre bout du monde ? Une table d’information dans la salle, des pages sur nos sites Internet ? Je ne dirai rien de mal de ces moyens sans doute fort utiles.
Comment faire comprendre un sujet aussi vaste et compliqué à nos jeunes ? Si nous voulons que leurs cœurs s’ouvrent à cette réalité, il ne faut pas tarder et commencer à planter des graines missionnaires dès leur tendre enfance. Mais comment ?
Histoires
À mon avis, la méthode la plus efficace et la plus porteuse qui soit est celle que la Parole de Dieu semble privilégier quand il s’agit de faire comprendre quelque chose d’important : raconter une histoire. Ou plutôt : des histoires. Voilà les éléments de base dont sont composés les grands récits bibliques : l’histoire du salut, l’histoire du peuple d’Israël, l’histoire de Jésus et celle des apôtres. Idem pour l’histoire de l’Église et sa doctrine. Si vous voulez toucher l’essentiel de la mission, racontez l’histoire de quelqu’un qui a apporté le message concernant le Christ en traversant des frontières. Cela peut être l’histoire d’un missionnaire ou celle de marchands itinérants, de moines apostoliques, ou même celle d’un explorateur. Le Seigneur a utilisé des personnes de tous les horizons et de différentes vocations pour la propagation de l’Évangile !
Quand mes enfants étaient encore petits, et que je voulais leur faire connaître un peu mieux l’univers si particulier de la mission, j’ai trouvé chez un antiquaire un vieux livre, dont le titre m’a tout de suite interpellé : Kerk op mars (« Église en marche »). Un florilège de l’histoire de la mission sous forme de courtes biographies.
L’ouvrage était usé au point que les pages se détachaient quand je les tournais, il a donc fallu, avant tout, un travail minutieux de réparation. Une semaine plus tard, je l’ai présenté à la fin du dîner familial. Les gamins qui savaient déjà lire ne comprenaient pas le titre. Il faut dire que les mots néerlandais op mars, ne veulent pas seulement dire : « en marche », mais aussi « sur la planète Mars ». Donc, ils s’attendaient à des histoires haletantes d’astronautes et d’extraterrestres, sans pouvoir faire le lien avec l’Église dont ils avaient une tout autre image !
Alors, je leur ai lu un chapitre. Emporté par l’histoire, j’ai ajouté pas mal de phrases qui n’étaient pas écrites, avec des détails que je me suis imaginé, et qui auraient pu se produire selon ma connaissance des circonstances historiques. Les enfants étaient scotchés en entendant les aventures de Hans Egede, le missionnaire danois qui, au 18ème siècle, partit pour le Groenland évangéliser les Esquimaux. Ses luttes contre des ours blancs leur donnaient des frissons ! Le sort de sa femme et de ses enfants leur tirait les larmes des yeux. Les circonstances de sa mission, ses luttes, ses doutes, mais aussi la joie de voir comment le peuple arctique a accueilli l’Évangile… quelle histoire !
Une ou deux fois par semaine — il ne fallait pas en faire trop —, j’ai lu une histoire (amplifiée et embellie, je l’avoue). Mes enfants sont adultes, ils poursuivent des chemins différents, mais aujourd’hui encore, ils se souviennent de ces moments passés à table, quand je suis parti avec eux pour des voyages missionnaires imaginaires, sur fond d’histoires bien réelles.
Non, je ne connais pas de meilleure méthode pour susciter un intérêt pour la mission que d’honorer la mémoire de celles et ceux qui ont écrit les innombrables pages de la mission, en racontant leur appel, leur courage, leur obstination, leurs réussites et leurs erreurs, leurs sacrifices, leur rêve qu’ils ont souvent dû payer de leur vie.
Parce que c’est bien de cela dont nous parlons, quand nous parlons de la mission. Loin d’une jolie théorie, elle est le mouvement, deux fois millénaire, d’hommes et de femmes qui ont suivi l’appel du Seigneur Jésus-Christ en allant vers des peuples inconnus, pour l’amour de Dieu.
Vision
Rappelons d’abord de quoi nous parlons. Faisant la synthèse des données bibliques, Hannes Wiher souligne que « le Dieu missionnaire veut intégrer tout disciple, donc l’Église, dans sa mission pour que des hommes de tout peuple et de toute culture viennent à sa connaissance, se mettent à sa disposition et se rassemblent dans des Églises. La mission implique donc le franchissement de barrières linguistiques, sociales, culturelles et religieuses… »(1).
Reprenant pour mon compte cette affirmation, j’attire l’attention sur deux éléments. D’abord, tout chrétien et toute Église sont concernés. La mission est à situer au cœur de la vie de l’Église, pas à sa périphérie. De ce point de vue, la question n’est pas : allons-nous participer à la mission ? mais : sommes-nous conscients que nous faisons partie d’un mouvement qui va jusqu’aux extrémités de la terre ? Chaque Église locale est le fruit d’un engagement missionnaire de quelques-uns, parfois venus de loin, de très loin. S’en rendre compte suffit pour que l’Église locale désire à son tour jouer un rôle dans la propagation de l’Évangile au-delà des frontières.
Cette vision globale qui relie Église locale et mission mondiale, coupe court à la tendance dans beaucoup d’Églises locales — tendance ô combien compréhensible — de se concentrer sur leur propre fonctionnement, sur les soucis pastoraux de leurs membres, et sur le témoignage dans leur contexte immédiat, tout en laissant aux autres ce que l’on a l’habitude d’appeler « la mission de loin ». Elle nous ouvre les yeux au lien intrinsèque entre Église locale et mission mondiale.
Où serions-nous si quelqu’un n’avait pas pris la peine de nous transmettre l’Évangile ? Comment d’autres personnes vont-elles devenir......