Aujourd’hui, l’influence des forces spirituelles dites paranormales est vécue comme une réalité par beaucoup de personnes. Un nombre grandissant de curieux s’y intéressent, souvent prêts à expérimenter et à voir « comment ça se passe », avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur le plan psychique voire même physique.
Comment ces phénomènes sont-ils ressentis dans les Églises ? Et comment y répondre ?
Ce sont les questions qui ont été abordées lors du stage de l’École Pastorale en mars 2012. L’objectif était de donner des repères et d'apporter des outils aux pasteurs et responsables d'Église, en vue de l'accompagnement pastoral des personnes concernées par l’influence des forces du mal. C'était la première fois que l’École Pastorale abordait ce sujet dans son intégralité.
Les participants étaient plus nombreux que d’habitude, leur participation témoignant de leur préoccupation. Manifestement, beaucoup de gens que nous rencontrons sont affectés par des expériences paranormales, occultes. Mais nous ne savons pas toujours comment réagir.
Il est nécessaire de former les futurs pasteurs à pratiquer le ministère de guérison et de libération, à leur apporter des réflexions et à les accompagner.
C’est pourquoi le comité de rédaction des Cahiers de l’École Pastorale a décidé d’y consacrer un hors-série. Reprenant quelques exposés donnés lors du stage de l’École Pastorale, nous ajoutons d’autres articles, pour arriver à un outil de formation que nous souhaitons utile à la fois aux pasteurs et aux responsables des Églises.
L’enjeu est surtout pastoral. Comment aider les personnes que nous rencontrons dans l’évangélisation ou dans nos communautés à trouver la guérison et la liberté ?
Ceci étant dit, l’enjeu principal de cette publication ne relève pas de l’exégèse ou de l’herméneutique. S’inscrivant dans la théologie pratique, ces articles visent l’accompagnement pastoral.
Par exemple, au lieu de travailler les passages clés en rapport avec le combat spirituel, nous allons réfléchir à la manière dont celui-ci peut s’articuler aujourd’hui face à l’influence du surnaturel et du paranormal.
Nous commencerons par introduire la problématique qui nous préoccupe. Quels sont les facteurs qui contribuent à l’intérêt du public pour le surnaturel et le paranormal ? Confrontée à l’influence de l’occultisme, l’Église a surtout une responsabilité pastorale. Ainsi, le ton des chapitres suivants est-il donné. Il s’agit de réfléchir à l’accompagnement pastoral des personnes concernées.
Emmanuel Maennlein met en évidence l’intérêt pour le surnaturel et le paranormal dans la société. Quelles qu’en soient les formes : voyance, horoscope, guérisseurs, etc. Il met en avant ce que les guérisseurs ou autres nous cachent : les conséquences psychiques et spirituelles de leurs pratiques. Il apporte des éléments sociologiques ainsi qu’une appréciation biblique. Peut-on tout traiter au même niveau ? Par exemple, la voyance et ce que font les guérisseurs ?
Richard Morris pose la question de la démonisation des chrétiens, sujet auquel il consacre son mémoire de Master en théologie. Il distingue quatre niveaux d’influence du diable ; trois concernent le chrétien.
Autre question : comment distinguer les problèmes psychiatriques des problèmes spirituels ? C’est un psychiatre, Claude Buchhold qui tente d’y répondre. Comment interprète-t-il les troubles émotionnels ou psychiques ? Quelle est la différence avec une interprétation en termes d’influence démoniaque ? Les deux approches peuvent-elles se compléter ?
À travers tous ces éléments, la question est de savoir quelle pastorale est la plus appropriée. Après un tour d’horizon, allant de l’exorcisme dans l’Église catholique romaine aux ministères de délivrance dans les Églises charismatiques, en passant par l’accompagnement pastoral dans les Églises protestantes, Mart-Jan Paul montre combien un accompagnement pastoral en vue de la délivrance est devenu nécessaire aujourd’hui. Il plaide pour un enseignement approprié dans les facultés de théologie, et notamment, pour des échanges et une collaboration interdisciplinaires entre conseillers pastoraux et psychiatres.
Deux auteurs proposent leurs approches pastorales, certes différentes, mais toutes les deux équilibrées, nous semble-t-il.
Richard Morris propose une démarche de libération, dans laquelle il distingue la délivrance de la libération. Souvent utilisés comme des synonymes, ces deux termes revêtent toutefois pour lui des nuances importantes. Il expliquera sa préférence pour le concept de libération. Ayant adapté l’approche de Neil Anderson concernant l’emprise que peuvent avoir les « forces » du mal sur le croyant, il développe une méthode sur la base du schéma « confession, repentance, renoncement, rejet ».
Reinhard Van Genderen entre dans les détails de l’accompagnement pastoral de délivrance tel qu’il se pratique dans le mouvement charismatique au sein des Églises historiques. Il analyse l’influence de ce qu’il appelle les « contre-puissances », dont il reconnaît la réalité. Soulignant que cela n’explique pas chaque trouble psychique, il remet la délivrance à sa juste place, comme un élément parmi d’autres du ministère de guérison.
Anthropologues et théologiens, Miranda Klaver et Regien Smit ont observé et analysé deux méthodes de délivrance dans deux Églises aux Pays-Bas, exemples de ce qui est pratiqué un peu partout dans les milieux évangéliques pentecôtisants. En faisant le lien avec le contexte socioculturel de la demande toujours plus grande en matière de délivrance, ils découvrent des éléments intéressants. Tout aussi pertinentes sont les questions théologiques qui se posent par rapport à la pratique de délivrance.
Cette réflexion nous amène à tenter en conclusion une synthèse de tous les chapitres.
Nous souhaitons que ce livre aide à mieux comprendre les enjeux théologiques, à mieux discerner les besoins spirituels occasionnés par le contact avec le paranormal, et à apporter un accompagnement pastoral approprié, en vue de la guérison et de la délivrance des personnes confiées à notre amour.