Même si l’assurance, la verbosité et la faible humilité finissent par irriter quelque peu le lecteur, il y a, dans ce texte comme ailleurs chez le grand Karl Barth, beaucoup à admirer dans ces conférences faites pour un groupe d’ ecclésiastiques dont plusieurs ont marqué l’histoire des réformés en France (1) .
Le moment n’était pas anodin : huit mois avant la déclaration des hostilités de la Deuxième Guerre Mondiale, dont l’imminence était pressentie. Les noms de certains des participants sont bien connus : Pierre Maury dont la pensée sur la prédestination a influencé le grand maître, Jean Cadier connu pour son calvinisme ; Jacques Deransart, témoin des réveils de la Drôme ; Roland de Pury qui sera détenu par les nazis... La plupart ont travaillé à la restauration de l’unité réformée et à la constitution de l’église Réformée de France lors du synode qui a eu lieu en 1938. Karl Barth a-t-il commencé son propos par la doctrine de l’église à cause de cette union nouvelle ? On ne trouve pas dans le texte, ce qui est étonnant, de mention explicite à cet événement, mais celui-ci devait être présent dans les esprits… d’où le choix du sujet de ces conférences.
Ces conférences sont plutôt longues, comme aussi le temps consacré à la discussion. Pourtant, malgré sa longueur, le commentaire que fait Karl Barth de La Confession de La Rochelle est assez sélectif. En un sens, ce qui manque est presque aussi intéressant que ce qui est présent, Karl Barth ayant fait le tri selon ses propres sujets d’intérêt.
Qui imaginerait, de nos jours, une réunion de pasteurs de deux ou trois jours, comportant des sessions intenses de discussion sur un texte confessionnel du 16 e siècle ? La profondeur théologique, qui nous fait défaut aujourd’hui dans l’Église, était au rendez-vous en 1939, et des questions essentielles pour la vie de l’Église y ont été posées d’une façon qui est devenue rare. Les questions abordées restent d’actualité : l’institution et l’événement, le caractère normatif de la Parole de Dieu, la vie chrétienne, Loi et Évangile. Que nos rencontres pastorales sont devenues banales, dominées par un pragmatisme qui élimine tout à cause du manque de temps ! Nous en sommes devenus victimes et nous nous contentons trop souvent de la médiocrité.
...