Je suis né en 1971 à Reims. Mon père buvait et tapait ma mère. Ils ont divorcé un an après ma naissance.
Mon enfance
Maman s’est remariée et mon nouveau papa m’a élevé comme son fils. Il m'a donné beaucoup d’affection. Avec ma grand-mère, nous faisions des pèlerinages en quête de vérité, mais nous revenions toujours sans avoir rencontré Dieu. Jésus et sa croix étaient une énigme pour moi.
J’avais six ans quand nous nous sommes liés avec une famille du voisinage qui nous a entraînés dans la débauche. Tous les week-ends, elle organisait des orgies d’alcool et tout ce qui s’ensuit. J’avais perdu tout repère.
À l'école, j'ai fini par décrocher alors que j’étais autrefois le premier de ma classe.
Le cheminement de mes parents
Un jour, papa nous emmène dans un camp de tziganes pensant se faire lire les lignes de la main.
Une personne monte sur l’estrade et proclame avec force : « Jésus est parmi nous ! » Et là, du haut de mes neuf ans, je me lève et déclare à mes parents : « Il est où, Jésus ? Je veux le voir. » Cela a bien fait rire l’assemblée, mais pour la première fois, Jésus n’était plus pour moi sur la croix, il était vivant.
Mes parents ont pris l’habitude d’aller à l’église. Au début, je prenais l’amour des gens pour une arnaque. J’ai fait beaucoup souffrir nos enseignants. Un dimanche, une monitrice bien inspirée, m’a confié un rouleau de papier peint et des marqueurs noirs. Elle m’a dit : « C’est important que tu écrives ce verset de la Bible sur ce rouleau en très grandes lettres. Toi seul peux le faire, je te fais confiance. »
J’ai pris ma mission à cœur : dimanche après dimanche,je courrais à l’église pour écrire avec soin cette phrase magnifique : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » Ces paroles se sont ancrées dans ma mémoire.
Mon adolescence
À quatorze ans, j’ai réalisé que je devais quitter l’école car je n’y faisais plus que de la figuration.
Un jour, je tombe sur une annonce : « Cherche apprenti boucher ». Je commence alors mes journées à quatre heures du matin par un long déjeuner dans un bar avec d’autres professionnels. Je me laisse entraîner à boire avec eux. L’alcool devient alors pour moi comme un anesthésiant. Je croyais qu’il rendait ma vie plus facile. Malgré tout, j’ai réussi mon apprentissage couronné d’un CAP obtenu haut la main.
Fort de ma réussite, je décide de prendre ma vie en main. Malheureusement, l’argent de mes paies me conduit vers la drogue et le sexe.
Je finis par manquer d’argent et je commence à dealer. Comme cela ne me suffit pas, je fréquente le milieu du banditisme pour devenir le « patron » du quartier. Vol, drogue et prostitution deviennent mon univers.
L’argent vient encore à manquer. Je me mets à voler mes parents. Quand ils découvrent ces retraits sur leur carte bancaire, je jure devant Dieu que ce n’est pas moi. Ils me croient.
Virage spirituel
Vient le moment de mon service militaire. J’y pars avec des provisions de drogue pour ma consommation personnelle tout en espérant étendre ma clientèle. Pris à l’arrivée en possession de marijuana, me voici en garde à vue, menotté et fouillé dans les moindres détails.
Pendant ce temps qui dure une éternité pour moi, je me rappelle ce texte que j’avais écrit sur le papier peint : « Dieu a tant aimé le monde… afin que quiconque… » Je veux chercher Dieu et mettre ma vie en ordre. C’est le point de départ de ma nouvelle vie.
Vient le moment du tribunal. Je n’ai pas d’avocat. Contre toute attente, je bénéficie du même jugement de clémence que mon compagnon pris, lui aussi, avec du cannabis. Fils de bonne famille, il est défendu par un brillant avocat parisien. Lui et moi n’aurons aucune inscription au casier judiciaire. Je décide de poursuivre sur le chemin de Dieu.
J’étais depuis sept ans attiré par une belle demoiselle au regard si doux. Convaincus que j’entrais enfin dans le chemin que Dieu avait tracé, nous avons commencé une relation amoureuse qui, aujourd’hui encore, est empreinte de l’alliance que nous avons passée avec Dieu.
J’ai donc quitté l’armée et décidé de travailler pour assurer la subsistance de notre famille. De fil en aiguille, je suis monté en grade. Tout me réussissait.
Le grand basculement
Alors que je me croyais indestructible, la maladie m’a frappé. De très violents maux de tête, bien différents des migraines, m’empêchaient d’assumer mon quotidien. Le diagnostic est tombé : je souffrais d’une maladie orpheline.
Tout s’est effondré. Je n’avais plus la force de travailler ni même de vivre.
Un jour, mon fils m’a retrouvé étalé dans la cuisine. Ma femme a cru que j’étais mort. Après un passage en réanimation cardiaque, on m’a enfermé dans une unité psychiatrique.
J’ai vécu l’enfer de l’enfermement pendant treize mois. Certains de mes proches m’ont jugé. Cependant, des pasteurs m’ont visité régulièrement et m’ont apporté un réconfort moral et spirituel.
Semaine après semaine, un ami chrétien me rendait visite malgré les nombreux kilomètres qui nous séparaient. Il me témoignait son empathie par des actes concrets (argent, nourriture…). Surtout, nous passions par des temps de prière. Mes mots étaient peu nombreux. Je vivais ce Psaume qui dit : « Le Seigneur entend la voix de mes larmes. Il exauce mes supplications, il accueille ma prière. »
À travers la Bible, je déversais mon cœur à Dieu et je découvrais l’intimité d’une relation sincère que je n’avais pas connue avant.
Tournant médical
Malheureusement, les puissants anesthésiants qu’on m’administrait ne me soulageaient pas. Je souffrais et faisais souffrir ma famille. Même si je n’avais pas quitté des yeux la croix de Jésus, j’ai attenté à ma vie à trois reprises. Mais Dieu en avait décidé autrement.
Durant mon parcours médical, un neurochirurgien m’a proposé de m’implanter un neurostimulateur et l’abandon progressif des médicaments. J’ai repris espoir.
Un dimanche, alors que je n’avais pas la force d’aller à l’Église, je regardais un culte sur Internet. Un chant m’a bouleversé.
Je me suis alors levé de mon canapé que je ne quittais plus depuis six années et j’ai déclaré à la grande surprise de ma femme et de ma fille : « Je quitte ce canapé, je ne veux plus le voir. » C’était un geste de foi que je proclamais devant Dieu : « Toi seul es ma force. » Encore aujourd’hui, je le proclame.
Une confession qui libère
Un jour, le Saint-Esprit m’a fait comprendre que je devais affronter mon cauchemar et rendre visite à mes parents pour leur demander pardon. En effet, je ne leur avais toujours pas révélé que j’étais l’auteur du vol de leur argent. Ils m’ont accordé un pardon complet. Papa a sorti le dossier, toujours en sa possession trente ans plus tard, et l’a déchiré devant moi. Un temps de restauration est venu après les larmes. Enfin, je pouvais honorer mes parents le cœur libéré.
Depuis, je vis de jour en jour des moments de faveur en m’accrochant à la parole de Jésus : « Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même ».