Je venais d’être nommée dans une école et j’avais sympathisé avec Corinne, une nouvelle collègue. Nous sommes vite devenues amies. Ma mère venait de décéder; elle m’a beaucoup aidée et consolée.
Au cours de nos discussions, je lui avais confié une histoire qui m’était arrivée quand mon père était tombé malade. Il avait été admis en soins intensifs à l’hôpital. Très inquiète, je m’étais spontanément mise à prier le Notre Père que j’avais appris petite. Peu de temps après, la santé de mon père s’était améliorée et il était sorti de l’hôpital.
J’avais expliqué à mon amie que, depuis ce temps, je me sentais redevable vis-à-vis de Dieu. J’avais songé un moment servir dans l’Armée du Salut ou me proposer comme bénévole au Secours Populaire... Mais mon amie m’a répondu: «Dieu n’attend pas de remerciements, il t’attend toi!». Sa réponse m’a étonnée car je ne savais pas qu’on pouvait avoir une relation avec Dieu. J’avais l’image d’un Dieu lointain. Jusque-là, pour moi, certaines personnes y croyaient parce que ça leur faisait du bien.
Mon amie m’a offert un Nouveau Testament en me disant: «Régale-toi». Sur le moment, j’ai pensé en riant: «Se régaler? N’importe quoi!» Puis j’ai commencé à le lire. Les évangiles étaient un roman d’aventures passionnant! Mon amie m’a ensuite invitée à un repas de son groupe de maison puis, un jour, elle m’a donné rendez-vous à l’église le dimanche.
En entrant, mon amie était assise sur le premier banc, je n’ai eu à déranger personne. Le culte m’a beaucoup remuée. Dans cette église, la joie était palpable. Les gens avaient l’air si heureux! On parlait de l’amour de Dieu, de sa compassion. J’étais sur une autre planète! J’avais l’impression que toutes ces phrases m’étaient adressées, qu’elles parlaient de moi, de ma vie! J’ai éclaté en sanglots. Je suis retournée à l’église chaque dimanche. Au début, je n’y connaissais rien. Je me sentais perdue. J’avais besoin que mon amie me décode ce qui se déroulait sous mes yeux. À chaque fois, j’étais touchée par l’amour et la joie qui y régnaient.
Un dimanche, on nous a parlé d’Alpha. Mon amie m’a dit: «C’est pour toi!». Je me suis alors décidée à y aller. L’accueil des gens, leurs mots gentils, la manière dont la salle était décorée... Tout cela m’a beaucoup touchée. Personne d’autre ne m’a jamais écoutée comme on m’a écoutée dans les petits groupes d’Alpha. C’était fabuleux! C’est là que j’ai pris conscience de qui était Jésus. Jusque-là, Jésus était pour moi un pauvre homme, victime de la malchance, qui passait par là et qui avait été arrêté, puis condamné. Je ne savais pas qu’il était venu exprès par amour pour nous. Il aurait pu rester tranquillement dans le ciel, auprès de son Père, sans se préoccuper de nous. «Ta volonté Père, non la mienne», a-t-il dit au jardin des Oliviers, avant d’être arrêté et crucifié. Vous feriez ça vous? Moi, je n’y serais pas allée! Obéir à ce point par amour pour les autres, ça me laisse sans voix! À Alpha, j’ai aussi commencé à lire la Bible dans son intégralité. Je l’ai lue trois fois. Quand on commence une nouvelle vie à 50 ans, il faut mettre les bouchées doubles! Et je me régale!
La journée sur le thème du Saint-Esprit a été bouleversante. Je me suis toujours posé la question: Ma mère m’a-t-elle jamais aimée? Elle ne faisait jamais de compliment. C’était sans cesse des reproches... À un moment donné, j’ai voulu lui demander franchement s’il y avait quelque chose en moi qui trouvait grâce à ses yeux. Mais elle est morte avant que j’aie pu lui poser la question. Au cours de cette journée, on m’a proposé de prier pour moi. Je ne me sentais pas encore prête. Je ne voyais pas pourquoi Dieu m’aimait. Je n’avais rien fait pour lui. Je ne méritais rien. Je venais seulement de le découvrir.
On m’a conseillée de remettre ce problème à Dieu. La nuit suivante, je me suis réveillée avec la certitude de l’amour de ma mère. J’en étais aussi certaine que si elle me l’avait toujours dit. C’était tellement bon! Comme si ma mère m’avait prise et serrée dans ses bras. J’ai alors reçu une image: un escalier au sommet duquel se trouvait Jésus, assis sur un trône, dans une lumière éblouissante. En bas, il y avait une petite fille qui montait l’escalier. C’était moi qui montais vers Jésus. J’étais libérée! Ouf, j’étais arrivée, je pouvais enfin poser mes valises! J’ai témoigné à mes collègues institutrices de ce qui m’était arrivé. Je les ai invitées à mon baptême. Mon père est venu exprès de Normandie.
Il y a un an, mon père a été de nouveau hospitalisé en urgence. Comme il n’était pas chrétien, je lui avais parlé de Dieu. Je lui disais: «Dieu te cherche, fais quelque chose!». Lorsque je l’ai vu à l’hôpital, il m’a dit: «Tu sais, j’ai demandé à Jésus de venir dans ma vie». L’état de mon père a empiré. On m’a fait sortir de la chambre pendant que l’équipe médicale était à son chevet. Je me suis agenouillée dans le couloir de l’hôpital, en demandant à Jésus de prendre soin de papa et de me donner sa paix. Je n’ai pas revu mon père vivant, mais j’ai pu annoncer sa mort à ma famille sereinement. Et cette sérénité ne m’a plus quittée. Je savais maintenant que mon père était sauvé pour l’éternité.