Brigitte, comment avez-vous plongé dans le monde du conte ?
J’ai accepté, un jour, de remplacer un conteur au pied levé et je me suis prise au jeu ! S’approprier des histoires, les faire siennes pour embarquer un public, ça m’a emballée. Je me suis formée et je recherche toujours un langage vrai qui touche les gens. Pour cela, je fais un travail de recherche parfois culturel, historique ou archéologique qui me permet de mieux vivre la situation. Je suis une passionnée des histoires vraies de la Bible, je m’efforce de les parcourir avec tout ce qui est au plus juste en moi. Je creuse autour du texte dans toutes les traductions et laisse résonner la Parole. L’idée n’est pas de raconter « en surface ». Sinon, autant lire l’histoire, tout simplement !
Et les instruments de musique ?
J’ai commencé par l’accordéon, le piano classique, puis le jazz. Mais avec le piano, j’ai toujours eu l’impression d’être à côté de mon instrument, de ne pas faire corps avec lui : impossible de faire se rejoindre la musique et qui j’étais, ce fut ma grande souffrance. Et un jour, voilà les instruments du monde avec leur poésie, leur timbres venus d’ailleurs, souvent accessibles, faits de peaux, de calebasses, de sabots de chèvre. Leur histoire m’a touchée et les mots me sont venus pour les raconter. Je possède aujourd’hui 400 instruments.
Pourquoi aimez-vous associer conte et instruments ?
Mon arrivée à la Cité de la Musique a été déterminante : une réconciliation avec toutes les musiques. Le musée possède une des plus belles collections d’instruments au monde : plus de 1.000. J’y travaille depuis 20 ans comme conteuse. J’y ai enfin réalisé ce rapport privilégié qui s’établit entre un musicien et son instrument. Grâce aux instruments, les histoires passent par moi, je découvre ma voix, l’instrument encore pas exploré et la musique des mots, nouvelle passion. Dans le respect de l’organologie, je peux les faire vivre en poésie, faire jaillir du vrai, je suis associée à l’histoire, unifiée.
Avez-vous quelque chose sur le cœur pour l’avenir ?
Les conteurs, ce sont ceux qui ont vu ! Ma rencontre personnelle avec Dieu, avec le Verbe, est sur le site « laparoleestcontee.com », vous pouvez l’écouter. Je rêve d’une nouvelle génération de conteurs et j’ai déjà deux partenaires passionnées. Ce travail exigeant est empreint de liberté et nécessite pour cela une grande prudence. L’association La Parole est contée se veut être une sentinelle ! Avec les conteurs de la Bible, voici le cri de notre cœur pour tous : « Levez-vous et racontez ! »