Un week-end bien rempli
Le dimanche matin, Martin Luther King prêche en anglais à l’Église américaine (65, Quai d’Orsay, Paris 7e). Cette église a été construite en 1929, l'année même de la naissance de Martin Luther King. Le titre de son sermon est : « La nouvelle Jérusalem ». C’était la première fois qu’il prêchait à Paris. On ne connaît pas la teneur de son sermon, mais on peut imaginer que c'est une première ébauche de son discours « I have a dream ». Dans la Bible, la Nouvelle Jérusalem figure l’ordre nouveau suscité par Dieu à la fin des temps (Apocalypse 21).
Le dimanche soir, la Fédération Protestante de France a demandé à Martin Luther King de donner une conférence publique à la Maison de la Mutualité (24, rue Saint Victor, Paris 5e). Son titre : « L'Église dans un monde en révolution ». Il commence ainsi : « Frères Protestants, (…) c'est pour moi un grand privilège de pouvoir m'adresser à cette assemblée, car c'est ici qu'a commencé l'ère révolutionnaire. C'est dans ce pays que Victor Hugo a parlé des idées “dont l'heure a sonné”. C'est dans ce pays que J.-J. Rousseau a proclamé la responsabilité des gouvernements envers leurs sujets... »
Lundi matin (de retour à l’Église américaine) : MLK s’entretient avec les pasteurs de Paris, français et étrangers : « La vieille philosophie, œil pour œil, finit, en effet, par ne plus laisser que des aveugles, alors que l’amour finit toujours par convaincre les pires ennemis, serait-ce au prix de sa propre vie… »
Entre-temps
Martin Luther King donne une interview à la Maison de la Radio (Avenue du Président Kennedy, Paris 16e) pour l’émission Présence protestante diffusée le Dimanche 7 Novembre. Le prédicateur est intervenu dans un contexte de débat intense sur la guerre du Vietnam entreprise par les États-Unis dans l'ancienne colonie française. La presse parisienne rapporte que King s'est conduit avec une « extrême discrétion ». Ce n'est qu'en 1967 que le prédicateur s'est prononcé contre la guerre du Vietnam dans un discours extrêmement controversé à l'Église Riverside de New York.
Parc Martin Luther King (Paris 17e)
C’est un espace vert public de 10 ha aménagé à Paris sur le terrain de l'ancienne halle à marchandises de l'ex-gare des Batignolles.
Depuis décembre 2008, il rend hommage au pasteur américain qui a lutté toute sa vie contre les préjugés raciaux aux États-Unis.
La gare RER Rosa-Parks (en limite des 18e et 19e arrondissements)
On ne peut dissocier Martin Luther King de Rosa Parks qui, la première, a dit « non » à la ségrégation. Terminons donc cette promenade par la gare qui porte son nom. Auparavant nommée « Évangile » en raison de sa situation à proximité de la rue de l’Évangile, c'est une gare du nord-est parisien, sur la ligne E du RER, inaugurée officiellement en 2016. Autour de la gare RER, tout un quartier est sorti de terre avec de nouveaux logements et commerces, et une vie culturelle intense.
Martin Luther King à Lyon
À l’initiative d’un collectif de 27 associations et syndicats dont la LICA, Martin Luther King est invité à s’exprimer à Lyon le 29 mars 1966, dans les murs bondés de la Bourse du Travail.
Sa venue intervient dans un contexte particulier : la « question noire » agite la société américaine, quasiment jour pour jour, un an après la marche pour les droits civiques de Selma, du 21 au 25 mars 1965. Mais le message de Martin Luther King à la Bourse du Travail à Lyon a largement dépassé les préoccupations du moment. Une phrase conserve un écho particulier dans la période que nous traversons : « Le monde est maintenant si petit, qu’aucune nation ne peut plus se contenter d’observer le malheur des autres sans rien faire. En bref, une injustice, où qu’elle se produise, est une menace pour la justice partout ailleurs. »