Tout le monde ou presque sera d’accord pour dire qu’il a déjà expérimenté quelque chose qu’il peut appeler « mal ». Nous rencontrons le mal sous la forme du malheur que nous subissons. Nous l’expérimentons aussi quand nous le commettons et que nous nous en rendons coupables. Qui d’entre nous peut dire qu’il n’a strictement rien à se reprocher ou qu’il n’a jamais fait souffrir personne ?
Tout au long de l’histoire, les hommes ont tenté de comprendre l’origine du mal. Les réponses qu’ils ont trouvées sont très nombreuses et comportent beaucoup de nuances. On peut toutefois classer, de manière très approximative, plusieurs d’entre elles selon deux orientations :
Si vous êtes optimiste
Le premier type de réponse consiste à accepter le monde tel qu’il est, voire à minimiser l’importance et la gravité du mal. Selon ce point de vue, la réalité, le monde et les humains sont fondamentalement bons. Notre regard sur eux doit être positif et compréhensif. Certes, le mal existe mais il n’est pas ce qu’il y a de plus important ou alors il n’est qu’une étape dans l’histoire et l’on peut espérer un progrès indéfini et des améliorations constantes, par l’éducation, la science ou la nécessité de vivre ensemble. Le mal vient de ce que le monde n’est pas parfait, en tout cas, pas du premier coup. Inutile pour autant de noircir le tableau.
Une attitude plus philosophique ou religieuse amènera certains à considérer le mal comme une illusion que le sage doit dissiper. Spinoza voulait ne pas rire, ne pas pleurer, ne pas non plus détester, mais comprendre.
L’optimiste n’est pas forcément naïf. Le roman de Wei-Wei, La couleur du bonheur, raconte l’histoire de Mei Li, une femme chinoise marquée par le malheur et dont le quotidien a parfois été très cruel. Pourtant l’ouvrage se termine par un petit chapitre émouvant dans lequel Mei Li s’adresse à sa petite fille : « Qu’est-ce que c’est que le bonheur, tu me le demandes ? Je ne sais pas. Je ne me suis jamais posé la question. Mais une chose est sûre, je l’ai connu. Ou plus exactement, j’ai vécu des moments de bonheur ». Elle termine ainsi l’énumération de ces temps où elle a été heureuse : « Ce sont ces moments lumineux et bien d’autres, parfois très brefs, mais toujours aussi réels, aussi palpables et aussi essentiels que le sel et le riz, qui ont adouci les coups durs du destin et qui m’ont fait sentir que, malgré tout, la vie vaut la peine d’être vécue… »
Plus réaliste ?
Le second point de vue souligne la réalité du mal. Il est même une caractéristique essentielle du monde ou du moins, de l’humanité.
Certains penseurs, notamment Freud, ont mis en évidence ce qu’il pouvait y avoir de trouble dans les profondeurs de la vie humaine. Beaucoup trouveront cette perspective plus réaliste. Le temps n’est plus à l’optimisme ni à la foi au progrès ou aux grandes espérances pour le futur de l’humanité. Les tragédies du 20ème siècle semblent surtout ouvrir la voie à la révolte, à la colère, mais aussi au désespoir. Il ne faudrait surtout pas donner l’impression que l’on pourrait excuser le mal. « Je persévérerais dans mon indignation même si j’avais tort », proclame un personnage de Dostoïevski face à la souffrance infligée à un enfant. Peut-on encore être optimiste après la Shoah ?
Face au mal, est-il même encore possible de croire en Dieu ? Il est courant de rencontrer des personnes qui, sans avoir de réponse particulière à apporter à la question : « D’où vient le mal ? » sont convaincues d’une chose : dans un monde créé par un Dieu bon et Tout-puissant, le mal n’aurait pas de place.
Ce que dit la Bible
La Bible affirme que Dieu a tout créé et que tout ce qu’il a créé était très bon. Le mal n’est venu qu’après coup. Un de ses auteurs, l’Ecclésiaste (7.29) constate : « Dieu a fait les êtres humains droits, mais eux ont cherché beaucoup de détours. ». Autrement dit, les humains se sont écartés du chemin que Dieu avait tracé pour eux. Cette affirmation ne résout pas le problème de l’origine du mal parce qu’elle ne dit pas comment un être humain vraiment droit peut avoir pris une décision vraiment mauvaise, mais elle permet de refuser toute excuse à ce mauvais choix.
Cette approche s’oppose aux deux premiers points de vue. En effet, ces deux perspectives font du mal un élément essentiel de la réalité, même si la première le minimise et que la seconde le souligne. La Bible, elle, nous invite à savoir apprécier la bonté de Dieu et de sa création tout en dénonçant vigoureusement toute forme de mal.
Après avoir constaté que l’injustice se rencontrait même au tribunal, lieu désigné pour exercer la justice, le Sage affirme : « Je me suis dit dans mon cœur : Le juste et le méchant, c’est Dieu qui les jugera… » (Ecclésiaste 3.17) Pour pouvoir dénoncer le mal et l’injustice, il nous faut une norme du bien et de la justice qui soit au-dessus de tout. Face au mal dans le monde, la bonne conclusion n’est pas que Dieu n’existe pas. Elle est plutôt que cette situation ne peut pas durer et qu’un jour, Dieu jugera. Sans la perspective d’un jugement dernier et absolu, nous manquons de fondement pour dénoncer le mal.
La réponse de Dieu au mal
La Bible ne répond pas philosophiquement à la question de l’origine du mal. Elle fait d’abord le constat que nous le commettons tous d’une manière ou d’une autre et elle se préoccupe ensuite de savoir comment nous pourrons échapper à la juste condamnation du jugement de Dieu.
C’est la croix de Jésus qui est la réponse de Dieu au problème du mal : là le Christ a subi la condamnation divine au bénéfice de tous ceux qui mettent leur foi en lui. Et trois jours après, il est sorti vivant du tombeau, signe qu’un jour le mal sera entièrement vaincu !