En tant que pasteur, quand je vois quelqu’un en prise avec une addiction je me pose toujours cette question : qui a pris la place du Père ?
Je ne pose pas cette question comme le ferait un psychologue qui va chercher pourquoi un mal-être s’est mis en place.
C’est une question spirituelle et pas psychologique. Car le Père qui m’intéresse le plus n’est pas le « papa » de notre enfance, figé dans l’image bonne ou mauvaise que nous en avons eue. Ce n’est pas notre père à l’arrière mais Notre Père au-devant, le Père de Jésus-Christ, Dieu.
Qui a pris la place de Celui qui sécurise, et qui m’oblige à revenir sans cesse faire des sacrifices et brûler l’encens d’un joint ?
Qui a pris la place de Celui qui apaise l’angoisse, et me force à consommer la Sainte-Cène du shoot de vodka ?
Qui a pris la place de Celui qui harmonise les pensées en m’obligeant à maltraiter le joystick de ma console pour éviter de réfléchir au sens de ma vie ?
Qui a pris la place de Celui qui me conseillait avec douceur et fermeté, ce tyran qui impose sans alternative : « Encore une ! » ?
Oui, qui a pris la place du Père céleste qui me tirait vers le haut, et que je n’arrive pas à nommer, à reconnaître ou à chasser ? Qui est ce père adoptif et abusif qui me rabaisse sans cesse jusqu’à ce que je sois un animal ou un robot, une boule de colère ou un mort-vivant ?
Qui est ce « kidna-père » qui vole ma vie, qui me hait, et que je dois quitter pour revenir de toute urgence vers le Père de bonté, qui est là au-devant, les bras ouverts, aussi patient qu’impatient ?