Lors d’une réunion de famille, autour d’une belle table, ou entre amis réunis pour un barbecue, il y a de plus en plus souvent quelqu’un qui jette un certain trouble, ou qui lance carrément un reproche en déclarant : « Quoi ! Vous mangez encore de la viande, vous ! Moi, je suis végan ! » Quelques-uns de cette nouvelle tribu ont d’ailleurs transformé leur option gastronomique en fanatisme militant et combattant, partant ainsi en croisade vengeresse contre les boucheries.
Des motivations honorables
Il y a sans doute de bonnes raisons pour motiver une personne à devenir végétarienne, végétalienne ou végan. Le régime peut même devenir mode de vie dont le dénominateur commun est le refus de l’exploitation animale jusque dans les cirques. On abandonne donc le steak de bœuf pour le remplacer par un burger végan à base de protéines de plantes. Ce retour à la nature semble être empreint d’une sainte et saine noblesse exemplaire biologique pour la cause animale. Et surtout, on ne tue plus pour se nourrir !
Des fondements contestables
C’est ainsi que certains théologiens en arrivent à démontrer que le végétarisme est un idéal biblique, en s’inspirantdes lignes du premier chapitre de la Genèse où Dieu déclare : « Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence : ce sera votre nourriture. Et tout animal de la terre, et tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture*. »
Leur conclusion est simple : l’homme n’a pas été créé carnivore. Bien ! Mais, qu’en est-il du loup et de la panthère ? Et le lion n'est-il pas autre chose que des gazelles digérées ?
Il serait bon de revenir à la source par rapport à ce débat. Mais pour l’heure, ma réflexion est aiguisée par une autre question.
La nature n’est pas idyllique
Si nous sommes invités à mettre dans notre assiette herbes, semences et fruits, ce retour à la nature n’est pas aussi bucolique qu’il y paraît.
En effet, la nature est régie par une loi universelle : celle de la jungle. Ne l'oublions pas, bien des oiseaux et des poissons sont carnivores ; même les plantes doivent se battre pour vivre et survivre. La vie se nourrit forcément de la mort des autres puisque pour vivre, il faut parfois tuer. Et je ne pense pas seulement aux plantes carnivores ! La nature est un vaste tube digestif. Wilfred Monod, pasteur et remarquable prédicateur, parlait « du vaste entremangement des êtres sur cette terre ».
Certes, manger des plantes est moins « sanglant » que manger du veau, mais la plante aussi est un océan de vie que l'on croque allègrement.
Qu'on le veuille ou non, nous sommes dans une mécanique implacable de cannibalisme réciproque.