Dawn (« Aurore » en français, interprétée par Charlotte Gainsbourg) vient de passer 15 merveilleuses années auprès de son mari en Australie, dans un paysage où la nature grandiose offre à leur amour le cadre idéal pour élever leurs 4 enfants. Mais son mari meurt brutalement, la laissant seule aux prises avec un quotidien hanté par la présence d’un arbre massif, imposant et désormais dangereux, et 4 êtres aux besoins différents dont elle ne sait plus que faire.
Faire son deuil avant qu’il ne soit trop tard
Des mois après le décès de son conjoint, Dawn a sombré. Ses enfants la gèrent plus qu’elle ne gère ses enfants. Tout la dépasse et elle fuit dans le sommeil à la recherche de cet amour qui l’a abandonnée bien trop tôt. Reportant ses frustrations sur son entourage, elle est tantôt agressive, tantôt apathique. C’est Simone, fillette de 8 ans (étonnante Morgana Davies), qui verra dans le gigantesque figuier une image de son père, « présent » dans l’arbre.
L’arbre comme une métaphore
Animisme enfantin ? Le difficile mais rapide deuil de l’enfant qui croit que son père continue de lui parler conduira sa mère à aduler un arbre devenu le symbole de l’absence de l’être aimé. Une branche tombe sur sa chambre à coucher ? C’est pour elle le « signe » qu’elle a été infidèle à la mémoire du disparu. Les racines ont percé les canalisations de la maison, libérant une nuée de grenouilles ? La maison menace de s’effondrer ? Il ne faudra pas toucher à l’arbre « sacré » qui contient tant de rêves, d’espoirs, de souvenirs défunts. Que retenir alors de cette fresque qui glorifie la nature cruelle des grands espaces australiens, grâce aux magnifiques images de la réalisatrice Julie Bertuccelli ?
Poser sa vie sur le roc ?
Retenons que l’arbre qu’on laisse trop empiéter sur notre vie, même s’il est petit pour l’instant, deviendra grand un jour : lors d’une terrible tempête, il détruira la maison et forcera Dawn et ses enfants à fuir en perdant tout. Comprenons que nos bien- aimés nous sont confiés pour un temps, comme nous leur sommes confiés nous-mêmes. Que des parents, comme des arbres, ne peuvent pousser trop près l’un de l’autre, de manière « fusionnelle » sinon l’équilibre de la famille serait en péril si l’un des deux venait à manquer. Retenons enfin que le bois mort, même sacré, de nos vies, doit être coupé sous peine de tomber sur nos têtes un jour de grand vent. Car les tempêtes arrivent, toujours. En terminant ce film cruel et délicieux, je repense aux paroles de celui qui louait la sagesse de « l’homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont jetés contre cette maison : elle n’est pas tombée »*.
Informations complémentaires
POUR ALLER PLUS LOIN :
*Matthieu 7.24-25
Date de sortie 11 août 2010 (1h40min)
Réalisé par Julie Bertuccelli
Avec Charlotte Gainsbourg, Morgana Davies, Marton Csokas
Genre Comédie dramatique
Nationalité Français, italien, australien